Mercredi 31 Août 2016 :  Puente Duero > Valladolid   (10 km)

Etape 11 /38


    Dune

    Il est des lieux qui vous font rêver au jour ou à la nuit, d'autres qui font penser à la steppe ou à la toundra,
    d'autres, enfin, qui parlent d'eux- mêmes, pour eux-mêmes. La dune est de ceux- là. La dune folâtre avec le
    vent, se laisse caresser, soumise, se moule à sa force, se déploie en tous sens. À bien comprendre la dune,
    on dirait qu'elle est in-sensée : ni close, ni ouverte sur l'abstraction angulaire, la dune « est ».
    En tout état de cause, ce non-sens, grâce au vent, est posé, par quelques pressions, par quelques touches,
    ocre et argent. Il n'y a pas de dune sans vent. Le vent est son architecte, l'artisan complice de cette aquarelle
    sertie de lumières. Amant irrépro­chable de versatilité, volage, «aux quatre vents » et dieu tout-puissant,
    le vent offre à la dune la tentation du départ facile et du changement.

    La dune, aux multiples détours, se laisse pétrir, édifier, se défaire et, dans un pas d'adhésion totale,
    se refaire plus loin, reptile orgueilleux et ivre de soleil.
    A chaque instant, la dune se déroule et se suc­cède à elle-même sans relâche, symbole de l'ordre évanescent,
    de la cohérence discrète, reflet d'une brise légère ou de forces dosées par l'infini, comme un vent venu de loin
    qui trouve en elle son principe.

    A ses lecteurs, la dune livre le sens de la trace, de la brèche, de la crevasse. Elle livre son corps à leur regard
    et dicte une direction à prendre. Les nervures tracées par le vent à la surface azu­rée d'une dune de sable fin,
    lézardes indécises ou tertres figés par la solitude, font partie de son anatomie. Quoi de plus puissant qu'une
    figure mobile, qui se passe du temps pour durer et de l'espace pour exister ?

    La brillance, le scintillement du grain, l'enve­loppe satinée des dunes lorsqu'elles s'élancent, horizontales,
    donnent le vertige à tout impru­dent. Cette vision hallucinatoire que crée le vide paradoxal est le propre
    de la dune en perpétuel miroitement avec le ciel et le balancement du sens.


    In « Le livre des séductions »
    Malek Chebel
     


 Je crois à l'immortalité.
Et pourtant je crains bien de mourir avant de la connaître."
Raymond Devos





La Iglesia de Santa Maria de Duero au soleil levant


La longue piste qui m'emmène aux abords de Valladolid


La pause avec au-dessus de ma tête le sommet des pins...


J'arrive au centre de Valladolid
Ci-dessous au hasard de ma visite

                           
La Iglesia San Benito                                                        Le clocher de la Cathédrale


L'Hôtel de Ville sur la Plaza Mayor



Iglesia Santa Maria la Antigua


La Cathédrale

        
                                                                                         Iglesia Santa Maria la Antigua




                                



Rétable dans le chœur de la Cathédrale

                
Musée National de Sculpture Polychrome                                                              Iglesia San Pablo                                
 

Un Saint-Jacques Matamore
 


    J'ai décidé de faire cette étape hors-chemin pour visiter Valladolid qui ne se trouve
    pas sur le tracé du Camino de Madrid.

    Après le petit déjeuner à l'albergue et une longue discussion avec l'hospitalero,
    je prends le Chemin à 8h.

    Traversée de la localité (Puente Duero) et ensuite une longue piste au milieu des pins
    qui s'allonge presque jusqu'à l'entrée de Valladolid.
    Là, je trouve un bus qui est à son terminus et qui m'emmène au cœur de la cité.
    Je me sens un peu affaibli par l'antibiotique que j'ai pris pour contrer ce mal de dents
    qui m'a pris hier soir.

    Je vais à l'Oficina de Turismo où je rencontre Arturo le Président de l'Association
    Jacquaire de cette région.
    La jeune femme qui me reçoit se met en quatre pour me donner les renseignements
    dont j'ai besoin et elle me trouve une Pension située pas très loin de la Plaza Mayor.

    L'après-midi, après Tapas et Cerveza, je fais une visite de cette ville où l'ambiance
    est sympathique et qui est dotée d'un riche patrimoine architectural et artistique.

    Le soir dîner sur La Plaza del Val près de la Pension où je loge.


Façade et Portique de l'Université de Valladolid

 


Hébergement à la Pension Val II - Plaza del Val - Valladolid
Chambre avec salle de bains - Central et Calme
Prix pour la nuit :  25 euros
(3 coquilles)
 



    Points d'inflexion

    Le point d'inflexion est un lieu du corps féminin, ou masculin, qui recèle une parcelle de charme, un espace
    sur lequel vagabondent le rêve et le sens. Le point d'inflexion agit comme un déclencheur et est censé émouvoir
    avant tout. Tout le corps est ainsi parsemé de « points d'inflexion ». Étant donné leur nature dis­crète, ils ne se
    livrent vraiment qu'après une approche, qu'on pourrait appeler herméneu­tique, complexe. Chaque femme 
    possède néces­sairement un capital de points d'inflexion qui, pour la plupart, résistent à l'âge. L'homme dis­pose
    d'un capital similaire, bien qu'il soit situé ailleurs.

    La jeunesse d'un corps augmente la richesse des points d'inflexion, mais cette richesse ne se décline qu'au présent.
    Il est deux types de points d'inflexion : ceux qui sont visibles au premier abord, perceptibles par le tout-venant
    et ceux qui nécessitent une connaissance approfondie de la personne désirée afin d'être perçus, car leur découverte
    n'est pas à la portée de tout regard.

    Dans le cadre ouvert de la séduction, seul le regard d'Autrui peut trouver en moi les points d'inflexion originaux
    et inhabituels, que je porte parfois même sans y prendre garde.
    Sur le corps, un inventaire discret peut être dressé : il faut chercher le plus grand nombre de points d'inflexion
    dans les endroits de liaison : cou, attaches de la clavicule, épaules, aisselles, chute des reins, galbe des seins,
    cambrures fémi­nines ou courbures du torse masculin, paupières closes ou entrouvertes, lèvres.

    Un point d'inflexion peut être indifféremment une tache, un creux, un grain de peau, une surface lisse, des plis
    aux coins des yeux, un cil recourbé, une lèvre ourlée... Les muqueuses sont généra­lement tapissées de points
    d'inflexion ; l'épi­derme doux et élastique en regroupe un grand nombre.

    Enfin, un troisième type de points d'inflexion, plus abstrait que les deux types précédents, peut naître à la lecture
    cinétique d'un geste, d'un mouvement de bras ou d'un déplacement de l'ensemble du corps.

    La voix (fluidité, musicalité, chaleur, beauté) est chargée de signes algébriques positifs ou négatifs. Le chaud,
    le froid, le mou, le dur, le faible, le fort sont autant d'éléments qui don­nent un sens au tapis sensible de l'inflexion.
    Un point d'inflexion est de signe constant. Le regard désirant de celui qui cherche à séduire est « informé » de
    cette touche délicatement enchâssée.

    Le travail artificiel de la femme visant à accentuer ses moyens de séduction intervient le plus souvent en doublure
    de ses points d'in­flexion. À l'inverse, lorsqu'un artifice aussi apparent que le maquillage est imparfaitement
    exploité, il alourdit d'autant ce qu'il y a d'aérien dans le point d'inflexion. Chacun peut toutefois se prévaloir
    d'un quantum de séduction, lié à sa capacité de mettre à profit la versification innée de ses points d'inflexion
    dont la synthèse com­pose ce qui s'appelle communément « charme ».

    Que ces « lieux de charme » deviennent des espaces de vagabondage, voilà à quoi aspirent ceux dont la
    nitescence* d'un regard ou l'infinité du point dérisoire, que décline l'inflexion, aiman­tent comme la fleur
    carnivore attire sa proie.

    In, "Le livre des séductions"

    Malek Chebel

 


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