Vendredi 9 Octobre  2015 :  Laxe > Ponte Ulla > O Outeiro (33 km)

 


    La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France
    Blaise Cendrars
    (Suite...)

    Si tu veux nous irons en aéroplane et nous survolerons le pays des mille lacs,
    Les nuits y sont démesurément longues
    L’ancêtre préhistorique aura peur de mon moteur
    J’atterrirai
    Et je construirai un hangar pour mon avion avec les os fossiles de mammouth
    Le feu primitif réchauffera notre pauvre amour
    Samowar
    Et nous nous aimerons bien bourgeoisement près du pôle
    Oh viens!

    Jeanne Jeannette Ninette nini ninon nichon
    Mimi mamour ma poupoule mon Pérou
    Dodo dondon
    Carotte ma crotte
    Chouchou p’tit-cœur
    Cocotte
    Chérie p’tite chèvre
    Mon p’tit-péché mignon
    Concon
    Coucou
    Elle dort.

    Elle dort
    Et de toutes les heures du monde elle n’en a pas gobé une seule
    Tous les visages entrevus dans les gares
    Toutes les horloges
    L’heure de Paris l’heure de Berlin l’heure de Saint-Pétersbourg
    et l’heure de toutes les gares
    Et à Oufa, le visage ensanglanté du canonnier
    Et le cadran bêtement lumineux de Grodno
    Et l’avance perpétuelle du train
    Tous les matins on met les montres à l’heure
    Le train avance et le soleil retarde
    Rien n’y fait, j’entends les cloches sonores
    Le gros bourdon de Notre-Dame
    La cloche aigrelette du Louvre qui sonna la Barthélemy
    Les carillons rouillés de Bruges-la-Morte
    Les sonneries électriques de la bibliothèque de New-York
    Les campanes de Venise
    Et les cloches de Moscou,
    l’horloge de la Porte-Rouge qui me comptait les heures quand j’étais dans un bureau
    Et mes souvenirs
    Le train tonne sur les plaques tournantes
    Le train roule
    Un gramophone grasseye une marche tzigane
    Et le monde, comme l’horloge du quartier juif de Prague, tourne éperdument à rebours.
    .........
     



Comme ce ciel
Mon âme est en Feu
Calcinée...


Pont Ferroviaire...

   

Le pont et la chaussée médiévale de Taboada





Rêve ou Réalité sur ce Chemin que hante les elfes !...


Chemin de châtaignes...


Hêtre à l'excroissance

  
Encore le taureau blanc de mon souvenir...

                                        



La Iglesia de
Silleda


Passage obligé...

                          
2 compagnes inattendues...


Au milieu des châtaigniers...


La Iglesia de Dornelas


Un pigeonnier ?


Encore du bon raisin !...


Le pont ferroviaire qui enjambe le
Rio Ulla


Un couple de pèlerins siciliens


Arrivée au village de
Ponte Ulla par le pont médiéval


Capela do Santiaguiño






Dîner avec un groupe de français


 Le dortoir est complet !


    Je quitte l'Albergue à 7h20 pour prendre au bar un desayuno avec un pèlerin français, globe-trotter,
    qui a prévu de faire une demi-étape...Toute la journée, le Chemin va jouer avec la N525 et par moments, heureusement, s'en écarter suffisamment pour nous faire passer par de beaux endroits, belles forêts de
    chênes, pins, sapins, et eucalyptus. Les hameaux traversés sont fleuris et agréables. Il ya aussi des prés
    avec ici et là quelques troupeaux de bovins. Les chiens aboient comme toujours à mon passage.

    Je marche d'un bon rythme pour arriver assez tôt à l'Albergue étant donné que l'étape est assez longue.
    Je fais les pauses nécessaires pour rafraîchir les pieds et reposer les genoux qui n'apprécient pas trop
    ces longues étapes... Je m'arrête à Bandeira puis dans un bar à San Miguel de Castro. Je rencontre ensuite
    un couple venu de Sardaigne au moment d'arriver en vue du viaduc de Ponte Ulla.

    Je termine l'étape avec une belle grimpée d'un peu plus de 4 kilomètres pour arriver à l'Albergue à 17h.
    Je retrouve un groupe de 4 français que j'avais rencontré sur la Via de la Plata après Zamora.
    Je m'installe et l'Hospitalera arrive pour encaisser (je crois 5 euros) et tamponner nos credencials.
    Telle une magicienne, elle nous prépare en un tour de main un dîner en servant à chacun ce qu'il a
    commandé au préalable. Je dîne avec les français et nous partageons une bonne boutelle de Rioja.
    Nous improvisons ensuite une soirée au cours de laquelle je dirai quelques poèmes et nous avons
    ensuite un bon échange autour de la poésie avec d'autres pèlerins, anglais, hollandais, une allemande
    et les trois polonaises rencontrées la veille. Le dortoir est plein et tout ce beau monde va s'endormir
    pour une belle nuit, la dernière avant l'arrivée à Santiago !


Lien avec le site Mundicamino 
 


Hébergement à l'Albergue de la Xunta de Galicia
Située 4,5 km après Ponte Ulla dans le hameau de O Outeiro.
Grande, spacieuse, bien équipée et dans un bel environnement
L'hospitalera prépare à dîner sur place (sans garantie que ce soit tous les jours)
4 Coquilles
 



    La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France
    Blaise Cendrars
    (Suite...)

    Effeuille la rose des vents
    Voici que bruissent les orages déchaînés
    Les trains roulent en tourbillon sur les réseaux enchevêtrés
    Bilboquets diaboliques
    Il y a des trains qui ne se rencontrent jamais
    D’autres se perdent en route
    Les chefs de gare jouent aux échecs
    Tric-trac
    Billard
    Caramboles
    Paraboles
    La voie ferrée est une nouvelle géométrie
    Syracuse
    Archimède
    Et les soldats qui l’égorgèrent
    Et les galères
    Et les vaisseaux
    Et les engins prodigieux qu’il inventa
    Et toutes les tueries
    L’histoire antique
    L’histoire moderne
    Les tourbillons
    Les naufrages
    Même celui du Titanic que j’ai lu dans le journal
    Autant d’images-associations que je ne peux pas développer dans mes vers
    Car je suis encore fort mauvais poète
    Car l’univers me déborde
    Car j’ai négligé de m’assurer contre les accidents de chemin de fer
    Car je ne sais pas aller jusqu’au bout
    Et j’ai peur.

    J’ai peur
    Je ne sais pas aller jusqu’au bout
    Comme mon ami Chagall je pourrais faire une série de tableaux déments
    Mais je n’ai pas pris de notes en voyage
    “Pardonnez-moi mon ignorance
    “Pardonnez-moi de ne plus connaître l’ancien jeu des vers”
    Comme dit Guillaume Apollinaire
    Tout ce qui concerne la guerre on peut le lire dans les Mémoires de Kouropatkine
    Ou dans les journaux japonais qui sont aussi cruellement illustrés
    À quoi bon me documenter
    Je m’abandonne
    Aux sursauts de ma mémoire…

    À partir d’Irkoutsk le voyage devint beaucoup trop lent
    Beaucoup trop long
    Nous étions dans le premier train qui contournait le lac Baïkal
    On avait orné la locomotive de drapeaux et de lampions
    Et nous avions quitté la gare aux accents tristes de l’hymne au Tzar.
    Si j’étais peintre je déverserais beaucoup de rouge,
    beaucoup de jaune sur la fin de ce voyage
    Car je crois bien que nous étions tous un peu fous
    Et qu’un délire immense ensanglantait les faces énervées de mes compagnons de voyage.
    Comme nous approchions de la Mongolie
    Qui ronflait comme un incendie
    Le train avait ralenti son allure
    Et je percevais dans le grincement perpétuel des roues
    Les accents fous et les sanglots
    D’une éternelle liturgie
    .......
     
    Suite à l'étape suivante...


Statue de Saint-Jacques sur la Capela do Santiaguiño

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