Lundi 28 Septembre 2015 :  Astorga >
Rabanal del Camino > Foncebadon (27 km)

 


    A la Femme aimée

    Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
    Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
    Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
    Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
    Le soir d’été semblait un rêve oriental
    De rose et de santal.

    Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
    Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.
    Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts
    En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
    De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour
    L’agonie et l’amour.

    Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes
    La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
    Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser
    En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes
    Parmi des flots de sons languissamment décrus,
    Blonde, tu m’apparus.

    Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,
    D’infini, je voulus moduler largement
    Un hymne de magie et d’émerveillement.
    Mais la strophe monta bégayante et pénible,
    Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,
    Vers ta Divinité.

    Renée Vivien
    Etudes et préludes

     



Pèlerin, porte ta croix et marche !


Lune !
embellis mes yeux
et mon cœur !






Pèlerins entre coucher de lune et lever de soleil !


"Mon âme, où es tu ? m’entends tu ?
Je parle, je t’appelle…
Es-tu là ? 

Je reviens, calciné et purifié.
Me reconnais-tu ? "

C.J. Jung (Dialogue avec l'âme)


On aperçoit à la sortie d'Astorga le pueblo de Valdeviejas


Les pèlerins et leurs ombres...



Pèlerins vous êtes les cathédrales vivantes de ce Chemin !
Chacun de vos pas est une prière silencieuse
et le chemin est une chanson qui résonne dans vos coeurs...





La Iglesia de Murias de Rechivaldo


On a que l'embarras du choix !





Invitation à la pause-café


La Iglesia de Santa Catalina de Somoza


Un pèlerin venu de France avec sa "carriole"


La Iglesia de Santa Maria de Rabanal del Camino


Un couple de pèlerins coréens


Un bonheur tout simple !


J'arrive à Foncebadon



Un bon temps de repos et de fraternité pèlerine




    Dès 6h, l'Albergue San Javier fourmille comme une ruche...Ici et là des ombres émergent des lits dans un dortoir encore
    dans la pénombre et peu à peu le remue-ménage s'accentue, les lampes frontales projettent leurs faisceaux alentour et les
    dormeurs
    les plus récalcitrants finissent par céder au mouvement général de la préparation des sacs et des derniers
    préparatifs avant
    d'aller rejoindre les pèlerins sur le départ et plonger dans la ville encore endormie traversée bientôt par
    des files
    de pérégrinants en marche vers l'inconnu d'une nouvelle étape sur le Camino Francés !

    En sortant d'Astorga, je m'arrête dans un bar prendre un petit-déjeuner et je suis bientôt happé par le flot des pèlerins
    ce qui
    est tellement inhabituel pour moi qui ai marché pendant 5 semaines dans une grande solitude !
    Petit à petit, les groupes s'espacent...Il y a une belle pleine lune qui fait suite à l'éclipse de cette nuit et un beau lever de soleil.
    Je marche sans doute plus vite qu'habituellement et je dois m'arrêter pour faire quelques étirements, alerté par une douleur
    à la
    cuisse gauche. J'essaye d'être vigilant et de garder mon rythme normal de marche.

    Je traverse plusieurs villges sans m'arrêter, malgré tous les lieux qui offrent café, thé, gâteaux, bocadillos etc... L'étape est
    assez
    longue et j'aimerais aller jusqu'à Foncebadon. J'arrive à midi à Rabanal del Camino, là où j'avais fait étape en 2005.
    Ensuite, le chemin qui grimpe est agréable, un peu en retrait d'une petite route. Je fais une pause pour rafraîchir les pieds
    et
    reposer les jambes. Il y a ensuite quelques passages en sentier assez raides et rocailleux avant d'arriver à Foncebadon
    petit
    hameau perdu dans la montagne qui doit sa principale activité au passage des pèlerins.

    Je vais à l'Albergue Associative Monte Irago qui est bien installée et offre des boissons et de la nourriture.
    Malheureusement, cela s'est mal passé pour moi ! Après les formalités au bureau, on me dit de monter à l'étage pour prendre
    un lit. Comme tout est complet, je vais au 2ème étage où il n'y a personne. Je m'installe et alors que je me repose, une jeune
    femme de l'accueil me demande ce que je fais là et me demande de prendre mes affaires et de redescendre. Comme je ne
    bouge pas, elle appelle un autre hospitalier qui m'agresse véritablement en me mençant de prendre mes affaires pour libérer
    les lieux sous prétexte que cet étage est fermé ! Je dois m'exécuter et on me trouve un lit au 1er étage.
    Une heure plus tard, comme de nouveaux pèlerins arrivent, des cyclistes espagnols, cette fois on ouvre le 2ème étage et il
    n'est plus question de dire qu'il est fermé !
    Donc mauvais accueil, hospitaliers qui n'en sont pas et je regrette mon choix de cet Albergue !
    Je me console avec une assiette de pois chiches et un verre de vin blanc, puis comme il y a la WIFI, j'envoie des mails, des
    photos et je peux communiquer avec ma compagne en omettant cet épisode malheureux qui m'a quand même bien affecté !

    Le soir le dîner est servi en commun dans la salle à manger : Paella végétarienne, charcuterie et salade...
    Avant d'aller me coucher, je vais faire un tour dans le hameau pour profiter d'un moment de silence dans cette nuit étoilée
    où je retrouve un peu de sérénité.
     


    (Mon Topo lors de cette même étape en Septembre 2005)

    1er Septembre 2005 : Astorga  >  Rabanal del Camino (21,5 km)
    A la sortie d'Astorga, je quitte le chemin après 4 km pour faire un détour par 
    Castrillo de Polvazares, village aux rues dallées considéré comme l'un des plus
     
    beaux et des plus typiques de toute la Maragateria. Puis je rejoins le Camino
     
    et m'arrête à Santa Catalina de Somoza. L'église est ouverte, elle possède un beau
     
    rétable et une statue de Saint-Roch. Le Chemin devient de plus en plus beau,
     
    il grimpe doucement au milieu de la lande, des chênes verts et des conifères.
     
    J'arrive à Rabanal à 12h30 (Altitude 1200 m).
     
    Je vais à l'albergue "Refuge pèlerins Gaucelmo" tenu par des anglais
     
    (Confraternity of Saint James) qui ouvre seulement à 14h30.
     
    On met les sacs en ligne, on échange entre pèlerin(e)s, on grignote quelques biscuits...
     
    Arrive alors un couple d'allemands avec 2 petites filles (3ans et demi et 18 mois)
     
    que le père tire dans une "carriole" aménagée. Les petites ont l'air ravies....
     
    Après 2 heures d'attente, enfin on peut s'installer, douche, lavage, repos ...
     
    Malheureusement, une pèlerine française de Besançon âgée de 65 ans se casse
     
    le bras en glissant dans la douche. Un des hospitaleros l'emmène à l'hôpital de Leon
     
    et nous la reverrons le soir avec le bras dans le plâtre. Pour elle c'est la fin du Camino
     
    pour cette année ! A 19 h, j'assiste aux vêpres dans la petite église juste en face
     
    du refuge avec les moines bénédictins voisins. Ensuite, je dîne à l'auberge
     
    avec 2 couples d'allemands qui parlent un peu français. Les 2 hommes sont médecins,
     
    l'un est psychiatre et l'autre s'occupe des traitements de dialyse. Après le dîner,
     

    nous retournons à l'église pour les complies avant d'aller dormir.
     


 


Hébergement à l'Albergue associative Monte Irago- Mini-Tienda La Tasca
34 places en 2 dortoirs - 5 euros la nuit
Je ne recommande pas cet Albergue à cause du mauvais accueil que j'y ai reçu !
1 Coquille
Allez plutôt à l'Albergue parroquial Domus Dei tenu par los Amigos
del Camino de Santiago del  Bierzo.
 



    À une Femme

    Tendre à qui te lapide et mortelle à qui t’aime,
    Faisant de l’attitude un frisson de poème,
    O Femme dont la grâce enfantine et suprême
    Triomphe dans la fange et les pleurs et le sang,

    Tu n’aimes que la main qui meurtrit ta faiblesse,
    La parole qui trompe et le baiser qui blesse,
    L’antique préjugé qui meurt avec noblesse
    Et le désir d’un jour qui sourit en passant.

    Férocité passive, âme légère et douce,
    Pour t’attirer, il faut que le geste repousse :
    Ta chair inerte appelle, en râlant, la secousse
    Et l’effort sans beauté du mâle triomphant.

    Esclave du hasard, des choses et de l’heure,
    Être ondoyant, en qui rien de vrai ne demeure,
    Tu n’accueilles jamais la passion qui pleure
    Ni l’amour qui languit sous ton regard d’enfant.

    Le baume du banal et le fard du factice,
    L’absurdité des lois, la vanité du vice
    Et l’amant dont l’orgueil contente ton caprice,
    Suffisent à ton cœur sans rêve et sans espoir.

    Jamais tu ne t’éprends de la grâce d’un songe,
    D’un reflet dont le charme expirant se prolonge,
    D’un écho dans lequel le souvenir se plonge,
    Jamais tu ne pâlis à l’approche du soir.

    Renée Vivien
    Cendres et Poussières, 1902



Statue de Saint-Roch dans l'église de Santa Catalina de Somoza

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