Mardi 22 Septembre 2015 : Zamora > Montamarta - 18,5 km

 


    Métaphysique de l'humain

    Qui blesse... et blesse encore avec des mots de pierre
    L'espoir tenu fiévreux aux plis d'une paupière ?
    Quelle plaie en sommeil hante les buissons fous ?
    L'homme aux abois, comme aliéné, sans garde-fous,
    Chemine en claudiquant à travers sa nuit rêche
    Et le temps affamé qui toujours mieux l'ébrèche,
    Bien avant que sur lui les vers se soient jetés,
    En fait un vase aigri geignant de tous côtés.

    Mais là... mais là, prodigieuses ou difformes,
    La vie à peine éteinte éclôt sous d'autres formes ;
    Là chaque infime goutte apprivoise le sol ;
    Oui partout le blé mûr et le chaud tournesol
    Allongent leur éclat vers le ciel impavide ;
    Déjà, prêt à jaillir, un germe naît du vide ;
    En sorte que malgré son injure au vivant,
    Pour celui-ci, la mort n'est rien qu'un peu de vent.

    Hélas ! dans l'âpre monde où le deuil le rend blême,
    L'homme éternellement veut demeurer le même
    Et sourd face à la marche aveugle des matins,
    N'entend que ses désirs louches et byzantins.
    Frêle atome englouti par la nature inique,
    Il se juge, il se croit à tout jamais unique
    Car au fond quelquefois du plus terrible adieu,
    Il voit s'illuminer le visage
    de Dieu.

    Thierry Cabot
    "Extrait de la Blessure des Mots"

     



Les statues emblématiques de Zamora devant la Iglesia de San Juan de Puerta Nueva





On peut avoir quand même un beau lever de soleil au milieu de tous ces poteaux...


Le chardon s'embrase...


Aimer, c'est vivre l'existence depuis le cœur de l'autre


Dans un jardin privé, un Saint-Jacques Matamore en plein élan...





Et je retrouve ces longues pistes de la Plata très semblables à celles du Levante


Tiens ! Un pèlerin devant moi...


...et un autre derrière moi...


J'ai bavardé un moment avec ce berger qui était content de pouvoir échanger...


Déjà à Montamarta ! L'étape a été courte !


Accueilli par un âne au regard plein de tendresse...

  
2 Groupes de français avec lesquels j'ai partagé le dîner


    Avant de partir, petit-déjeuner sympa à l'Albergue. Il est 7h15 et je traverse la ville de Zamora encore endormie.
    La sortie est
    longue et ensuite je marche sur des pistes larges et caillouteuses qui s'allongent au milieu de plaines
    rocailleuses et de champs
    labourés. Je traverse un seul village à l'entrée duquel je retrouve ce jardin avec de nombreuses
    sculptures aux multiples
    couleurs dont un Saint-Jacques Matamore en plein élan !

    À 8 kilomètres de Montamarta, je suis rejoint par un pèlerin de Perpignan qui marche d'un bon rythme et va jusqu'à
    Riego del Camino, la même étape que j'avais faite en 2008. Un peu plus loin, je rencontre un berger avec son troupeau
    de brebis. Nous échangeons un moment et j'ai même du mal à partir car il s'avère très bavard...

    À 2 kilomètres de l'étape, je suis rejoint par Nigel, pèlerin anglais qui partageait ma chambre.
    Nous bavardons tout en arrivant tranquillement à l'Albergue de Montamarta qui est un peu en dehors du village.

    Je vais déjeuner au restaurant et de retour à l'Albergue je discute avec les pèlerins arrivés entre-temps.
    L'après-midi se passe
    agréablement entre douche, lessive, repos et échanges divers...
    Le soir, dîner au même restaurant en compagnie de deux groupes de français, dont l'un Georges est d'Aix-en Provence.
    Nous finissons la soirée
    autour d'un verre de Pacharan.



Hébergement à l'Albergue de Peregrinos situé un peu en dehors du village
Ouvert toute l'année - Prix 5 euros
I dortoir de 20 lits - 2 sanitaires - 1 buanderie - 1 salle à manger et cuisine
C'est très correct.
3 Coquilles
 



    A un poète

    Lève le camp. Ils meurent tous de ne point vivre.
    Chez eux, à coups félons, halète la rancœur.
    A les voir écumant, l'œil jaune et le poing ivre,
    Qui ne leur jetterait son idéal au cœur ?

    Oh ! cependant, il est quand même aussi des hommes
    Dont le rêve à tâtons secoue un pan du ciel,
    Et que loin de l'alcôve où laidement nous sommes,
    Le temps fait rayonner comme l'amour sans fiel.

    Poète, sois des leurs dans ta musique ardente.
    La bouche de l'ignoble enfante les vieillards.
    Deviens celui qui pose un fabuleux andante
    Sur les chemins fourbus et noyés de brouillards.

    Sois tout ce que d'aucuns voudraient t'empêcher d'être.
    L'abominable siècle osera-t-il jamais,
    Au fond de l'avalanche obscène du paraître,
    Ensevelir ta voix promise aux blancs sommets ?

    Non, ce n'est pas demain que se tairont les anges.
    Des ailes tour à tour ébauchent leur envol.
    Les vivants sont ailleurs, nés pour d'autres vendanges
    Et doués d'une flamme à soulever le sol.

    Nul mieux que toi ne court du brin d'herbe à l'étoile ;
    Nul ne raconte mieux le sublime et le saint ;
    Nul encore quand l'aube immobile se voile,
    Ne sait mieux conquérir quelque mouvant dessein.

    Avec tes mots brandis au cœur loyal des choses,
    Le vertige est plus clair et le sort plus aigu,
    Le vent goûte, assoiffé, de foisonnantes roses
    Et l'éden cajoleur n'a plus rien d'ambigu.

    Aucun n'embrasse mieux les destins ou les mondes ;
    Et s'échappant, filant, vibrant jusqu'au soleil,
    S'illuminent en chœur ces minutes fécondes
    Qu'en vain, mirage amer, on enlace au réveil.

    Tu nous connais si bien du feu de tes mains pleines ;
    Tu déroules si haut les cantiques des forts :
    Echarpe longue et chaude, hymne au-dessus des plaines,
    Embrasement levé parmi les vastes ports.

    Combien chez toi l'oiseau, le nuage et la foudre
    Ont la suavité d'un éclat de velours ;
    Combien dans la fleur même en train de se dissoudre,
    Tu suscites la graine où tout revit toujours.

    Toujours ! les nids fameux, l'abeille qui s'étonne,
    Toujours ! l'été nomade aux éclairs palpitants,
    Le bois charnel ému sous les doigts de l'automne
    Et l'hiver consumé par la foi du printemps...

    Mais tout à coup, mais tout à coup ce flot vacille.
    Un maléfique trouble ensemence la peur.
    Le vulgaire allongé tel un mesquin bacille,
    Empoisonne ton verbe emplumé de torpeur.

    A terre, blême, éteint, le sommeil sur la joue,
    Tu ne cultives plus que des mots expirants
    Pendant que la bêtise infatigable joue
    A travers les faisceaux lumineux des écrans.

    Poète, hélas ! il est bien tard ; à peine était-ce
    Une chimère peinte aux lèvres de l'ennui.
    L'heure est au haïssable, au vide, à la tristesse
    Et la malignité n'aime que trop sa nuit.

    Nulle âme ne fendra les confins nus des songes.
    Va, tu n'es déjà rien avec ton bleu pavois.
    Le troupeau gigantesque et repu de mensonges,
    Bêle à n'en plus finir pour étouffer ta voix.

    Thierry Cabot
    "Extrait de la Blessure des Mots"

     


En Mai 2008 au cours de la même étape

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