Dimanche 13 Septembre 2015 : San Bartolomé > Avila - 25 km

 


    Départs

    Le grondement des trains qu'on entend à Paris

    Dans l'aube sale où point une faible lumière,

    Retentit au travers des petits brouillards gris.

    Il pleut : un voyageur a baissé la portière

    Pour contempler le ciel qui blêmit au lointain.

    D'autres ont déplié les journaux du matin

    Et, par delà le toit d'une garde-barrière,

    Surgissent tout à coup des haies et des jardins.


    Ô départs ! Tout au long de mornes perspectives

    On peut voir, par éclairs, s'aligner et briller

    Les feux des becs de gaz sur les trottoirs mouillés

    Tandis que le sifflet de la locomotive

    Jette son cri strident au sein de noirs quartiers

    Où se déplacent à tâtons, ombres furtives,

    Les premiers citadins encor mal réveillés.


    Cependant sous la pluie où le jour vient de naître,

    Paris reprend son rythme et son frémissement.

    Des femmes en cheveux s'agitent aux fenêtres :

    Fourmilière géante où le bruit règne en maître,

    Tout s'ordonne en un vaste et sourd ébranlement

    Où les trains, au moment même de disparaître,

    Ne sont plus sur un fond de cours et de maisons,

    Qu'un mince ruban noir qui fuit, à l'horizon.


    Francis Carco
     



Le bel environnement de pâturages et de montagnes

 
Le taureau avec lequel je me suis trouvé nez à nez !                                                     Une vache paisible curieuse...                                  



Les troupeaux en alpage






Espaces montagneux
le pèlerin en délire
ô délices de l'esprit !





L'église de Tornadizos de Avila


L'arrivée sur cette belle cité d'Avila


Encore un beau pont médiéval !





La iglesia San Pedro datant du 12ème siècle
 avec une magnifique rosace cistercienne sur sa façade
et à l'arrière une tour carrée


La muraille qui entoure la cité

               
                      La puerta de San Vicente                               Une sculpture contemporaine de Sainte Thérèse d'Avila


    Je quitte l'Albergue à 6h30 avec ma lampe frontale en suivant une petite route jusqu'à El Herradon distant de 4,5 km.
    Je prends ensuite le chemin qui grimpe pendant une bonne heure jusqu'au col de El Boqueron situé à 1315 m d'altitude,
    dans un bel environnement de pâturages et de montagnes. Le temps est couvert avec un peu de fraîcheur et le balisage est correct.  Alors que je marche sur un sentier au milieu d'arbustes, je me trouve nez à nez avec un taureau blanc qui n'était
    ni le taureau offert par Poséidon à Minos pour être sacrifié, ni celui dont Zeus prit la forme pour enlever Europe et l'amener
    en Crète, mais un beau taureau espagnol qui m'a surpris par la soudaineté de son apparition  ! Ne me sentant pas le courage

    d'Héraclès qui avait reçu comme tâche de le capturer, et n'étant que peu téméraire, j'ai préféré faire demi-tour pour laisser
    passer cette docile représentation du minotaure !...

    Après le passage du col, je fais une bonne pause. J'ai gardé mes bandages aux pieds et je n'ai plus aucune sensation
    douloureuse aux talons ! Je traverse plusieurs pâturages où paissent paisiblement quelques troupeaux de bovins et
    j'amorce la descente qui est en pente douce et bien balisée. Arrivé dans la localité de Tornadizos de Avila, je m'arrête
    dans un bar boire un coca et manger des tapas. Il reste 9 km jusqu'à Avila que je vais rejoindre en suivant de longues
    pistes larges et agréables pour la marche.

    L'entrée dans la cité est assez longue et je me renseigne pour trouver l'Ayuntamiento à côté duquel se trouve l'Hostal
    San Juan où j'ai réservé une chambre. J'ai préféré plutôt que d'aller à l'Albergue de peregrinos Las Tenerias située à
    l'extérieur des murailles prendre une chambre en plein centre et de plus comme je prévois de passer 2 nuits je sais que
    ce n'est pas toujours autorisé dans les Albergues. Je ferai juste un petit tour dans le quartier avant le dîner dans une
    cafétéria,
    car j'ai toute la journée demain pour visiter la ville.




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Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"



Hébergement à Hostal San Juan - 3 Calle Comuneros de Castilla - Tél 920 25 14 75
Très central entre Cathédrale et Ayuntamiento
Nuitée 25 euros - Petite chambre très calme au 3ème étage
3 Coquilles
 



    Enfants de septembre
     à Jules Supervielle.


    Les bois étaient tout recouverts de brumes basses,
    Déserts, gonflés de pluie et silencieux ;
    Longtemps avait soufflé ce vent du Nord où passent
    Les Enfants Sauvages, fuyant vers d'autres cieux,
    Par grands voiliers, le soir, et très haut dans l'espace

    J'avais senti siffler leurs ailes dans la nuit,
    Lorsqu'ils avaient baissé pour chercher les ravines
    Où tout le jour, peut-être, ils resteront enfouis ;
    Et cet appel inconsolé de sauvagine
    Triste, sur les marais que les oiseaux ont fuis.

    Après avoir surpris le dégel de ma chambre,
    A l'aube, je gagnai la lisière des bois ;
    Par une bonne lune de brouillard et d'ambre
    Je relevai la trace, incertaine parfois,
    Sur le bord du layon, d'un enfant de Septembre.

    Les pas étaient légers et tendres, mais brouillés,
    Ils se croisaient d'abord au milieu des ornières
    Où dans l'ombre, tranquille, il avait essayé
    De boire, pour reprendre ses jeux solitaires
    Très tard, après le long crépuscule mouillé.

    Et puis, ils se perdaient plus loin parmi les hêtres
    Où son pied ne marquait qu'à peine sur le sol ;
    Je me suis dit : il va s'en retourner peut-être
    A l'aube, pour chercher ses compagnons de vol,
    En tremblant de la peur qu'ils aient pu disparaître.

    Il va certainement venir dans ces parages
    A la demi-clarté qui monte à l'orient,
    Avec les grandes bandes d'oiseaux de passage,
    Et les cerfs inquiets qui cherchent dans le vent
    L'heure d'abandonner le calme des gagnages.

    Le jour glacial s'était levé sur les marais ;
    Je restais accroupi dans l'attente illusoire,
    Regardant défiler la faune qui rentrait
    Dans l'ombre, les chevreuils peureux qui venaient boire
    Et les corbeaux criards, aux cimes des forêts.

    Et je me dis : je suis un enfant de Septembre,
    Moi-même, par le coeur, la fièvre et l'esprit,
    Et la brûlante volupté de tous mes membres,
    Et le désir que j'ai de courir dans la nuit
    Sauvage, ayant quitté l'étouffement des chambres.

    Il va certainement me traiter comme un frère,
    Peut-être me donner un nom parmi les siens ;
    Mes yeux le combleraient d'amicales lumières
    S'il ne prenait pas peur, en me voyant soudain
    Les bras ouverts, courir vers lui dans la clairière.

    Farouche, il s'enfuira comme un oiseau blessé,
    Je le suivrai jusqu'à ce qu'il demande grâce,
    Jusqu'à ce qu'il s'arrête en plein ciel, épuisé,
    Traqué jusqu'à la mort, vaincu, les ailes basses,
    Et les yeux résignés à mourir, abaissés.

    Alors, je le prendrai dans mes bras, endormi,
    Je le caresserai sur la pente des ailes,
    Et je ramènerai son petit corps, parmi
    Les roseaux, rêvant à des choses irréelles,
    Réchauffé tout le temps par mon sourire ami...

    Mais les bois étaient recouverts de brumes basses
    Et le vent commençait à remonter au Nord,
    Abandonnant tous ceux dont les ailes sont lasses,
    Tous ceux qui sont perdus et tous ceux qui sont morts,
    Qui vont par d'autres voies en de mêmes espaces !

    Et je me suis dit : Ce n'est pas dans ces pauvres landes
    Que les enfants de Septembre vont s'arrêter ;
    Un seul qui se serait écarté de sa bande
    Aurait-il, en un soir, compris l'atrocité
    De ces marais déserts et privés de légende ?

    Patrice de La Tour du Pin
     


L'Ayuntamiento d'Avila avec la banderole mentionnant le 5ème centenaire de Sainte Thérèse

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