Mercredi 9 Septembre 2015 : Torrijos > Escalona - 27 km

 


    Le Rêve du Poète

    Ce serait sur les bords de la Seine. Je vois
    Notre chalet, voilé par un bouquet de bois.
    Un hamac au jardin, un bateau sur le fleuve.
    Pas d'autre compagnon qu'un chien de Terre-Neuve
    Qu'elle aimerait et dont je serais bien jaloux.
    Des faïences à fleurs pendraient après des clous ;
    Puis beaucoup de chapeaux de paille et des ombrelles.
    Sous leurs papiers chinois les murs seraient si frêles
    Que même, en travaillant à travers la cloison
    Je l'entendrais toujours errer par la maison
    Et traîner dans l'étroit escalier sa pantoufle.
    Les miroirs de ma chambre auraient senti son souffle
    Et souvent réfléchi son visage, charmés.
    Elle aurait effleuré tout de ses doigts aimés.
    Et ces bruits, ces reflets, ces parfums, venant d'elle,
    Ne me permettraient pas d'être une heure infidèle.
    Enfin, quand, poursuivant un vers capricieux,
    Je serais là, pensif et la main sur les yeux,
    Elle viendrait, sachant pourtant que c'est un crime,
    Pour lire mon poème et me souffler ma rime,
    Derrière moi, sans bruit, sur la pointe des pieds.
    Moi, qui ne veux pas voir mes secrets épiés,
    Je me retournerais avec un air farouche ;
    Mais son gentil baiser me fermerait la bouche.
    - Et dans les bois voisins, inondés de rayons,
    Précédés du gros chien, nous nous promènerions,
    Moi, vêtu de coutil, elle, en toilette blanche,
    Et j'envelopperais sa taille, et sous sa manche
    Ma main caresserait la rondeur de son bras.
    On ferait des bouquets, et, quand nous serions las
    On rejoindrait, toujours suivis du chien qui jappe,
    La table mise, avec des roses sur la nappe,
    Près du bosquet criblé par le soleil couchant ;
    Et, tout en s'envoyant des baisers en mangeant,
    Tout en s'interrompant pour se dire : Je t'aime ! 
    On assaisonnerait des fraises à la crème,
    Et l'on bavarderait comme des étourdis
    Jusqu'à ce que la nuit descende...

    - Ô Paradis !

    François Coppée
     



La paille est d'or
alouette des champs
ton chant inspire le poète...


L'Ayuntamiento de Val de Santo Domingo


La iglesia de Val de Santo Domingo


Ô Solitude !...


Chemin sablonneux au milieu d'oliviers centenaires



Le castillo de Maqueda






La iglesia de Maqueda



Terre et ciel

la marche solitaire
ô les yeux de l'absence...





Poèmes
mots qui sèment au vent
ô les couleurs...


Le rio Alberche


Escalona


    Je quitte le gîte à 7h. pour Val de Santo Domingo, la première localité de cette étape. Le chemin s'allonge entre
    Autoroute
    et Nationale sur des pistes caillouteuses. A Santo Domingo, il y a une jolie petite place entourée de la
    mairie et de l'église
    qui m'invite à un premier repos...

    Maqueda, la prochaine localité est à 8 km. Je marche sur de longues pistes qui serpentent au milieu des champs
    et des
    oliveraies. A un moment, je perds le chemin soit à cause d'un balisage défectueux, soit à cause de mon manque
    de vigilance ! Je rejoins la Nationale , puis je coupe à travers champs, puis retour sur la Nationale avant d'entrer dans Maqueda que surplombe un château-fort. Je bois un coca à l'entrée de ce pueblo puis je repars pour 12 km avant

    d'arriver au terme de cette étape.

    Je prends la piste qui est un faux-plat montant pendant un long moment au milieu des champs qui s'étendent à l'infini !
    Grand sentiment de solitude que je vais rompre avec la déclamation des poèmes que j'ai appris ces derniers jours :

    Pablo Neruda, Federico Garcia Lorca, Guillaume Apollinaire, Léopold Sedar Senghor, Pierre-Albert Birot et évidemment
    Le Transsibérien de Blaise Cendrars !

    Arrivé à un point haut, j'ai une superbe vue sur la vallée qui s'étend d'est en ouest et les montagnes au loin.
    C'est une belle partie de ce Chemin que je n'arriverai pas à rendre à travers les photos prises à ce moment !
    Ensuite il y a une descente assez douce avec la traversée d'un arroyo et le passage près de quelques bâtiments agricoles.
    On arrive ensuite dans une zone plus boisée avec des oliviers et des chênes et je profite de l'ombre d'un gros chêne
    pour faire une nouvelle pause.

    Il reste 5 km...Il y a un peu de vent ce qui atténue la chaleur du soleil qui tape toujours assez fort.
    Escalona ma ville-étape apparaît au loin avec ses murailles et les ruines d'un castillo. J'y arrive vers 16h.
    Alors commence la galère pour trouver le Colegio dans lequel se trouve l'Albergue. Je demande à plusieurs reprises
    et on m'envoie à chaque fois dans des directions différentes et après une étape de 27 km, c'est un peu rageant !!
    Bon, finalement après les derniers renseignements donnés par un groupe de jeunes, j'arrive enfin  à ce Colegio
    où je suis attendu
    suite à mon appel téléphonique de ce matin.
    L'Albergue se situe dans l'enceinte de ce bâtiment scolaire.
    C'est rudimentaire avec des matelas au sol, mais c'est tranquille et gratuit.
    Je trouverai mon réconfort dans un bon dîner à la Cerveceria Arcos : Tinto de Verano, Olives, Poivrons grillés,

    Poulet grillé, Vino Blanco et Patcharan  le tout pour 10 euros !



Lien avec le commentaire de Gilbert

Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"



Hébergement à l'albergue municipal
situé dans les bâtiments du Colegio de Escalona (8 places)
Téléphone à l'accueil municipal - 925 78 00 12
Clés au secrétariat du Colegio
Matelas au sol - Pas de cuisine
Tranquille et gratuit
2 coquilles 
 



    Matin d'Octobre

    C'est l'heure exquise et matinale
    Que rougit un soleil soudain. 
    A travers la brume automnale 
    Tombent les feuilles du jardin.

    Leur chute est lente. On peut les suivre 
    Du regard en reconnaissant
    Le chêne à sa feuille de cuivre, 
    L'érable à sa feuille de sang.

    Les dernières, les plus rouillées, 
    Tombent des branches dépouillées : 
    Mais ce n'est pas l'hiver encor.

    Une blonde lumière arrose 
    La nature, et, dans l'air tout rose,
    On croirait qu'il neige de l'or.

    François Coppée



El castillo de Escalona

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