Mardi 8 Septembre 2015 : Toledo >Torrijos - 35 km

 


    Ballade de la vraie sagesse

    Mon bon ami, poète aux longs cheveux,
    Joueur de flûte à l'humeur vagabonde,
    Pour l'an qui vient je t'adresse mes voeux :
    Enivre-toi, dans une paix profonde,
    Du vin sanglant et de la beauté blonde.
    Comme à Noël, pour faire réveillon
    Près du foyer en flamme, où le grillon
    Chante à mi-voix pour charmer ta paresse,
    Toi, vieux Gaulois et fils du bon Villon,
    Vide ton verre et baise ta maîtresse.

    Chante, rimeur, ta Jeanne et ses grands yeux
    Et cette lèvre où le sourire abonde ;
    Et que tes vers à nos derniers neveux,
    Sous la toison dont l'or sacré l'inonde,
    La fassent voir plus belle que Joconde.
    Les Amours nus, pressés en bataillon,
    Ont des rosiers broyé le vermillon
    Sur le beau sein de cette enchanteresse.
    Ivre déjà de voir son cotillon,
    Vide ton verre et baise ta maîtresse.

    Une bacchante, aux bras fins et nerveux,
    Sur les coteaux de la chaude Gironde,
    Avec ses soeurs, dans l'ardeur de ses jeux,
    Pressa les flancs de sa grappe féconde
    D'où ce vin clair a coulé comme une onde.
    Si le désir, aux yeux d'émerillon,
    T'enfonce au coeur son divin aiguillon,
    Profites-en ; l'Ame, disait la Grèce,
    A pour nous fuir l'aile d'un papillon :
    Vide ton verre et baise ta maîtresse.

    ENVOI

    Ma muse, ami, garde le pavillon.
    S'il est de pourpre, elle aime son haillon,
    Et me répète à travers son ivresse,
    En secouant son léger carillon :
    Vide ton verre et baise ta maîtresse.


    Théodore de Banville

     



Tolède s'éveille
l'aube colore le ciel

le pèlerin s'éloigne...


L'enchantement au lever du jour


Les douces collines qui invitent à l'incantation poétique...


Il y a sur cet itinéraire une succession de Fincas...


El Parque Regional de Guadarrama


L'entrée de la Finca Vega de la Cruz


L'Ermita de Cambrillos


Les belles oliveraies...

   
Les dégâts de l'orage sur les vignes


Les chèvres dans la chaleur de l'après-midi...

   
La iglesia de Rielves                                                           2 directions : Levante ou Sureste


El castillo de Barcience


La iglesia de Barcience


La iglesia de Torrijos




    Je quitte Tolède à 6h. Je traverse la plaza Zocodover et je me fie au guide pour trouver la sortie. Après avoir  passé la
    Puerta Nueva de Bisagra et descendu l'Avenida Carlos III,  j'arrive à un rond-point au milieu duquel se trouve une ancienne
    machine à roue...A cet endroit, le guide me dit "laisser une rue qui part vers la droite en direction d'immeubles et prendre
    en face la rue bordée d'arbres"...
    Le problème est qu'il y a 2 avenues bordées d'arbres, il ne faut pas prendre celle en face,
    mais la 1ère à droite. J'ai donc pris la mauvaise direction et heureusement, je rencontre un homme qui fait son jogging

    et qui est membre de l'Association des Amis de Saint-Jacques de Tolède ! Il m'emmène au départ du Chemin le long du
    Rio Tajo. Ensuite c'est une petite route montante qui passe devant des carrières, continue au milieu de fincas et laisse la
    place à une piste pierreuse et sablonneuse où la marche est assez agréable.

    Je fais une première pause à 12 km de Tolède, puis je reprends cette piste au milieu de ces grandes étendues agricoles
    avec de temps à autres les bâtiments des fincas...Environnement désolé où je n'ai rencontré âme qui vive à part un
    tracteur qui labourait au loin...Je traverse le rio Guadarrama et toujours au long de cette piste, j'arrive au milieu de
    vignes qui ont subi récemment un orage violent de grêle...Les grappes ont été déchiquetées et le sol est jonché des
    grains de raisins...Le maïs aussi a été touché. Un peu plus loin je rencontre deux hommes, l'un dans une voiture
    ensablée et l'autre un cycliste en balade. Ils me confirment l'orage et l'étendue des dégâts !
    La piste également a été ravagée et il y a encore ici ou là de grandes flaques d'eau !
    De part et d'autre les grandes étendues de champs labourés, jusque sur les pentes des collines !

    L'arrivée sur Rielves est agréable avec une allée bordée d'arbres et des bancs. Je préfère aller m'asseoir dans un bar
    où je mange une tortilla accompagnée de 2 cocas. Je repars à 14h sous un chaud soleil. La piste me paraît bien longue
    jusqu'à Barcience la prochaine localité où je fais à nouveau une pause pour rafraîchir les pieds !

    Comme toujours les derniers kilomètres commencent à fatiguer... J'entre enfin dans Torrijos terme de mon étape !
    La ville est plus grande que ce que prévoyais et il me faut encore une bonne demi-heure pour arriver là où se trouvent
    l'Ayuntamiento et la Policia Local !  Après avoir fait tamponner ma crédenciale, un homme m'emmène à l'Albergue qui
    pourrait être au moins "4 coquilles" si elle était entretenue !
    Je prends alors un bon temps de repos avant d'aller en soirée dîner dans un restaurant où grâce à la WIFI,
    je vais pouvoir communiquer avec ma compagne et quelques amis via Facebook !

     



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Hébergement à l'Albergue Municipal  (Inauguré en 2013)
3 Chambres de 2 lits - 2 salles d'eau - Gratuit
Aller à la Policia Local pour la Crédenciale et la clé - Tél. 925 77 03 01
 2 Coquilles
 



    Le saut du tremplin

    Clown admirable, en vérité !
    Je crois que la postérité,
    Dont sans cesse l'horizon bouge,
    Le reverra, sa plaie au flanc.
    Il était barbouillé de blanc,
    De jaune, de vert et de rouge.

    Même jusqu'à Madagascar
    Son nom était parvenu, car
    C'était selon tous les principes
    Qu'après les cercles de papier,
    Sans jamais les estropier
    Il traversait le rond des pipes.

    De la pesanteur affranchi,
    Sans y voir clair il eût franchi
    Les escaliers de Piranèse.
    La lumière qui le frappait
    Faisait resplendir son toupet
    Comme un brasier dans la fournaise.

    Il s'élevait à des hauteurs
    Telles, que les autres sauteurs
    Se consumaient en luttes vaines.
    Ils le trouvaient décourageant,
    Et murmuraient : " Quel vif-argent
    Ce démon a-t-il dans les veines ? "

    Tout le peuple criait : " Bravo! "
    Mais lui, par un effort nouveau,
    Semblait roidir sa jambe nue,
    Et, sans que l'on sût avec qui,
    Cet émule de la Saqui
    Parlait bas en langue inconnue.

    C'était avec son cher tremplin.
    Il lui disait : " Théâtre, plein
    D'inspiration fantastique,
    Tremplin qui tressailles d'émoi
    Quand je prends un élan, fais-moi
    Bondir plus haut, planche élastique !

    " Frêle machine aux reins puissants,
    Fais-moi bondir, moi qui me sens
    Plus agile que les panthères,
    Si haut que je ne puisse voir,
    Avec leur cruel habit noir
    Ces épiciers et ces notaires !

    " Par quelque prodige pompeux
    Fais-moi monter, si tu le peux,
    Jusqu'à ces sommets où, sans règles,
    Embrouillant les cheveux vermeils
    Des planètes et des soleils,
    Se croisent la foudre et les aigles.

    Jusqu'à ces éthers pleins de bruit,
    Où, mêlant dans l'affreuse nuit
    Leurs haleines exténuées,
    Les autans ivres de courroux
    Dorment, échevelés et fous,
    Sur les seins pâles des nuées.

    " Plus haut encor, jusqu'au ciel pur !
    Jusqu'à ce lapis dont l'azur
    Couvre notre prison mouvante !
    Jusqu'à ces rouges Orients
    Où marchent des Dieux flamboyants,
    Fous de colère et d'épouvante.

    " Plus loin ! plus haut ! je vois encor
    Des boursiers à lunettes d'or,
    Des critiques, des demoiselles
    Et des réalistes en feu.
    Plus haut ! plus loin ! de l'air ! du bleu !
    Des ailes ! des ailes ! des ailes ! "

    Enfin, de son vil échafaud,
    Le clown sauta si haut, si haut
    Qu'il creva le plafond de toiles
    Au son du cor et du tambour,
    Et, le coeur dévoré d'amour,
    Alla rouler dans les étoiles.

    Théodore de Banville



L'Ermita del Santo Cristo à Torrijos

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