Jeudi 27  Août 2015 : Chinchilla > Albacete (15,5 km)

 


    Étoile de la mer voici la lourde nappe
    Et la profonde houle et l’océan des blés
    Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
    Voici votre regard sur cette immense chape.

    Et voici votre voix sur cette lourde plaine
    Et nos amis absents et nos coeurs dépeuplés,
    Voici le long de nous nos poings désassemblés
    Et notre lassitude et notre force pleine.

    Étoile du matin, inaccessible reine,
    Voici que nous marchons vers votre illustre cour,
    Et voici le plateau de notre pauvre amour,
    Et voici l’océan de notre immense peine.
    ......

    O reine voici donc après la longue route
    Avant de repartir par ce même chemin,
    Le seul asile ouvert au creux de votre main,
    Et le jardin secret où l'âme s'ouvre toute.

    Voici le lourd pilier et la montante voûte
    Et l'oubli pour hier, et l'oubli pour demain ; 
    Et l'inutilité de tout calcul humain ;
    Et plus que le péché, la sagesse en déroute.

    Voici le lieu du monde où tout devient facile, 
    Le regret, le départ, même l'événement, 
    Et l'adieu temporaire et le détournement, 
    Le seul coin de la terre où tout devient docile,

    Et voici votre voix sur cette lourde plaine
    Et nos amis absents et nos coeurs dépeuplés
    Voici le long de nous nos poings désassemblés
    Et notre lassitude et notre force pleine...


    Extraits de la "Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres" 

    Charles Péguy




Quelques kilomètres après la sortie de Chinchilla, on aperçoit se profiler dans le lontain la ville d'Albacete


Les Cathédrales de paille...


...c'est le seul décor de cette étape...


ALBACETE : l'Ayuntamiento

 
   L'homme aux couteaux...

   
Le Pasaje de Lodares

 
Le Pasaje de Lodares dans le sens inverse


Albacete est la capitale de la Mancha...bientôt on sera sur la ruta de Don Quijote !


La Plaza de Toros


La Cathédrale Saint-Jean Baptiste

       
Santa Maria de los Llanos, patronne d'Albacete              Saint-Jacques avec bourdon, calebasse et coquille


La Nef centrale de la Cathédrale


    Je descends au bar à 6h pour prendre le petit-déjeuner et faire le plein d'eau fraîche. Puis je monte au sommet
    de cette localité pittoresque pour prendre le Chemin. L'itinéraire jusqu'à Albacete consiste en pistes caillouteuses

    qui serpentent au milieu d'une vaste plaine assez désolée...Des zones en friche alternent avec des champs
    cultivés. Il y a des amas de ballots de paille rectangulaires qui font comme des cathédrales à l'ombre desquelles
    on peut trouver un bon emplacement pour prendre un temps de repos !


    Je déroule au fil des kilomètres les pages du Transsibérien de Cendrars et j'apprends 2 sonnets de Neruda !
    Cela me permet d'animer cette étape plutôt monotone et j'arrive à Albacete vers 11h. Je passe en premier à
    la Oficina de Turismo où je suis bien accueilli et je repars avec les plans de la ville.

    Après une bonne cerveza et quelques tapas, je vais directement à l'Hostal Atienzar où j'ai réservé une chambre.
    Comme j'ai peu dormi la nuit dernière,
    je vais après la douche faire une bonne sieste avant d'aller en fin
    d'après-midi visiter la ville :

    - Le Pasaje de Lodares, galerie de style moderniste, symbole de l'architecture civile de l'époque d'Albacete
    - La Posada del Rosario, exemple typique de l'architecture populaire du 16ème siècle.
    - La Cathédrale gothique, avec à l'intérieur Santa Maria de los Llanos, patronne d'Albacete et une belle statue
      de Saint-Jacques avec bourdon, calebasse et coquille.
    Dîner dans un restaurant situé juste derrière la Cathédrale et je vais me coucher à l'heure où les espagnols
    sortent pour aller boire dans les bars où dîner dans les restaurants...

 


Lien avec le commentaire de Gilbert

Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"

 


Hébergement à l'Hostal Atienzar - 49 Calle Carmen - Tél. 967 21 05 95
Bien situé - Proche de l'Ayuntamiento et de la Oficina de Turismo

Lavabo et SDB sur le palier - Prix 20 Euros
2 Coquilles



    « Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,
    Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas.
    Meuse, adieu : j’ai déjà commencé ma partance
    En des pays nouveaux où tu ne coules pas. 

    Voici que je m’en vais en des pays nouveaux :
    Je ferai la bataille et passerai les fleuves ;
    Je m’en vais m’essayer à de nouveaux travaux,
    Je m’en vais commencer là-bas des tâches neuves.

    Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,
    Tu couleras toujours, passante accoutumée,
    Dans la vallée heureuse où l’herbe vive pousse, 

    O Meuse inépuisable et que j’avais aimée. 

    Tu couleras toujours dans l’heureuse vallée ;
    Où tu coulais hier, tu couleras demain.
    Tu ne sauras jamais la bergère en allée,
    Qui s’amusait, enfant, à creuser de sa main
    Des canaux dans la terre, - à jamais écroulés. 

    La bergère s’en va, délaissant les moutons,
    Et la fileuse va, délaissant les fuseaux.
    Voici que je m’en vais loin de tes bonnes eaux,
    Voici que je m’en vais bien loin de nos maisons.

    Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine,
    O Meuse inaltérable et douce à toute enfance,
    O toi qui ne sais pas l’émoi de la partance,
    Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais
    O toi qui ne sais rien de nos mensonges faux, 

    O Meuse inaltérable, ô Meuse que j’aimais, 

    Quand reviendrai-je ici filer encore la laine ?
    Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous ?
    Quand nous reverrons-nous ? et nous reverrons-nous ? 

    Meuse que j’aime encore, ô ma Meuse que j’aime. 

    O maison de mon père où j’ai filé la laine,
    Où, les longs soirs d’hiver, assise au coin du feu,
    J’écoutais les chansons de la vieille Lorraine,
    Le temps est arrivé que je vous dise adieu. 

    Tous les soirs passagère en des maisons nouvelles,
    J’entendrai des chansons que je ne saurai pas ;
    Tous les soirs, au sortir des batailles nouvelles,
    J’irai dans des maisons que je ne saurai pas. 
     
     Maison de pierre forte où bientôt ceux que j’aime,
    Ayant su ma partance, - et mon mensonge aussi, -
    Vont désespérément, éplorés de moi-même,
    Autour du foyer mort prier à deux genoux,
    Autour du foyer mort et trop vite élargi,

    Quand pourrai-je le soir filer encore la laine ?
    Assise au coin du feu pour les vieilles chansons ;
    Quand pourrai-je dormir après avoir prié ?
    Dans la maison fidèle et calme à la prière ;

    Quand nous reverrons-nous ? et nous reverrons-nous ?
    O maison de mon père, ô ma maison que j’aime. »

    Charles Péguy

    Jeanne d’Arc, à Domrémy (1897)
     


Le Musée de la Coutellerie à Albacete

Etape suivante

Retour