Mardi 25  Août 2015 : Alpera > Higueruela (20 km)

 


    Le balcon

    Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
    Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
    Tu te rappelleras la beauté des caresses,
    La douceur du foyer et le charme des soirs,
    Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !

    Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
    Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
    Que ton sein m'était doux ! que ton coeur m'était bon !
    Nous avons dit souvent d'impérissables choses
    Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.

    Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
    Que l'espace est profond ! que le coeur est puissant !
    En me penchant vers toi, reine des adorées,
    Je croyais respirer le parfum de ton sang.
    Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !

    La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
    Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
    Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison !
    Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
    La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.

    Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
    Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
    Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
    Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux ?
    Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses ! 

    Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
    Renaîtront-il d'un gouffre interdit à nos sondes,
    Comme montent au ciel les soleils rajeunis
    Après s'être lavés au fond des mers profondes ?
    - Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !

    Charles Baudelaire
    - Les Fleurs du Mal
     



Dès l'aube mon cœur est en fête...

    



Les vignes pourvoyeuses de belles grappes dont je vais me régaler...


On dirait presque la courbure de la Terre à l'horizon...


Les champs sont labourés et prêts pour les prochaines semailles...


Et encore de belles vignes...





Une colline de Provence ?...


L'arrivée sur Higueruela

    
Les églises du Pueblo...


...qui est environné d'éoliennes...





J'ai grimpé au sommet du village où se trouve un belvédère
d'où la vue s'étend sur le village et les alentours...






    Je quitte l'Hostal comme il fait tout juste jour. Ne trouvant pas le Chemin, je me résous à suivre la Carretera.
    Il y a un panneau indiquant Higueruela à 19km. Des bornes tous les kilomètres permettent de suivre l'avancement
    un peu monotone le long de cette route heureusement assez peu circulante. Temps agréable avec une légère chaleur
    et peu de vent. Immensité des champs cultivés déjà prêts pour les prochaines semailles...
    Beaucoup de vignes,
    des oliviers et des amandiers et le vaste horizon de part et d'autre qui donne une sensation
    d'infini !  Je fais 2 pauses et me désaltère avec l'eau fraîche de ma poche et la Horchata achetée la veille au soir.
    Je travaille comme chaque matin ce grand texte de Cendrars "La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France"
    et j'apprends également de nouveaux poèmes (Neruda, Lorca, Apollinaire et Senghor).

    La fin du parcours est plus variée avec des forêts de conifères et quelques escarpements.
    La chaleur commence à se faire sentir et les dernières bornes indiquant 16, 17, 18 kilomètres me donnent du courage...

    Il reste un kilomètre et j'aperçois le Pueblo de Higueruela. Je vais directement au Bar La Posada où l'on me sert une
    cerveza bien fraîche, des olives et du jambon, repas de prince ! Je récupère les clés de l'Albergue où je vais m'installer
    et prendre un bon temps de repos.

    Plus tard, avant le dîner, je grimpe sur les hauteurs du Pueblo d'où l'on a une belle vue sur le village, l'église et
    les alentours. Je dîne à 20h30 au restaurant La Posada dans une ambiance bruyante avec sur les écrans de télévision
    la retransmission d'un match entre Valencia et Monaco.



Lien avec le commentaire de Gilbert

Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"



Hébergement à l'Albergue Municipal situé dans la Maison de la Culture
Téléphoner à l'Ayuntamiento avant d'arriver - tél. 967 287 180
Dîner et petit-déjeuner à l'Hostal-Restaurante La Posada qui peut aussi donner les clés

Grande pièce avec 2 lits et des fauteuils + Salon + Cuisine avec Frigo + SDB (Gratuit)
3 Coquilles



    Les bijoux

    La très-chère était nue, et, connaissant mon coeur,
    Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
    Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
    Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.

    Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
    Ce monde rayonnant de métal et de pierre
    Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
    Les choses où le son se mêle à la lumière.

    Elle était donc couchée et se laissait aimer,
    Et du haut du divan elle souriait d'aise
    A mon amour profond et doux comme la mer,
    Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

    Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
    D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
    Et la candeur unie à la lubricité
    Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

    Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
    Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
    Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
    Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

    S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
    Pour troubler le repos où mon âme était mise,
    Et pour la déranger du rocher de cristal
    Où, calme et solitaire, elle s'était assise.

    Je croyais voir unis par un nouveau dessin
    Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
    Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
    Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !

    Et la lampe s'étant résignée à mourir,
    Comme le foyer seul illuminait la chambre,
    Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
    Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !

    Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
     


C'est une palette de couleurs qu'un peintre géant a déversées sur la vallée...
 

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