Lundi 24  Août 2015 : Almansa  > Alpera (21,5 km)

 


    Femme nue, femme noire
    Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté !
    J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux.
    Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
    je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
    Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle


    Femme nue, femme obscure
    Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir,
    bouche qui fais lyrique ma bouche
    Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses du Vent d'Est
    Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqu
    eur
    Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

    Femme noire, femme obscure
    Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète,
    aux flancs des princes du Mali,
    Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
    Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or rongent ta peau qui se moire
    A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.


    Femme nue, femme noire
    Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
    Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir
    les racines de la vie.


    Léopold Sédar Senghor
    - Chants d’ombre - Femme noire
     


L'aube qui voit surgir au rond-point ce Janus qui dans la mythologie romaine
était un dieu à une tête mais deux visages opposés, gardien des passages et des croisements...


L'amandier où mon petit déjeuner est servi...


Les contreforts de la Sierra del Mugron


Le panorama splendide qui s'offre à la vue...


Seul dans cette immensité,  je suis dans une marche extatique...


Le vent souffle fort et l'horizon est vaste...


Un abri ? Un Cairn ?


Immensité du plateau dans lequel je suis enfoui...


Ah que cela fait du bien de rafraîchir les pieds !


C'est le pin à l'ombre duquel je me suis reposé...


Le pèlerin de Barcelone au croisement où nos chemins se séparent...





La Plaza de Toros de Alpera


L'église d'Alpera


Et le bon moment de la journée, au restaurant avec un bon vino tinto !


    Je fais doucement en me levant pour ne pas réveiller Oscar le pèlerin cycliste qui partage ma chambre.
    En sortant de la ville, je prends mon petit déjeuner dans une station service Repsol où j'achète également une bouteille

    de Horchata pour remplir ma gourde en plus des 2 litres d'eau fraîche que je verse dans ma poche. Quelques kilomètres
    entre autoroutes et voies ferrées puis petite route qui grimpe au milieu des oliviers. Je ramasse des amandes et je fais
    une première pause, arrivé à un point haut où il y a des bancs à l'ombre des pins. Je rafraîchis les pieds que les routes
    goudronnées ont échauffés. Le vent se lève et s'ensuit une belle chevauchée solitaire sur une meseta sauvage  qui

    s'étend au pied de la Sierra de Mugron où domine une montagne qui fait un peu penser à la Sainte-Victoire !

    En me retournant, je contemple l'immensité du plateau avec une palette de couleurs qu'un peintre aimerait bien
    fixer sur une toile ! Au loin, j'aperçois encore le Castillo d'Almansa. Le vent est fort et m'apporte un peu de fraîcheur
    au milieu de ces espaces où poussent quelques pins et de la végétation de garrigue...
    Je contourne peu à peu cette montagne et s'ouvre devant moi une autre vallée où je peux distinguer jusqu'à l'infini
    de grandes étendues de vignes, des champs déjà labourés et au loin d'autres montagnes...

    Je suis fortement impressionné par la richesse et la variété des couleurs qui s'offrent à ma vue :
    Du jaune, de l'ocre, du vert clair,
    du vert foncé, du brun, du marron, du violet et le bleu du ciel qui donne encore
    plus de relief à toutes ces couleurs ! Je m'arrête sous un gros pin qui fait une belle ombre et je profite pleinement
    de ce moment de contemplation devant un tel paysage ! Je mange du pin d'épice acheté à la fête hier soir et je bois
    cette boisson délicieuse qu'est la Horchata.

    Un peu plus loin, je retrouve une petite route et une piste sous les pins qui longe une voie ferrée. Il y a de belles vignes
    où je vais encore me régaler de bon raisin et j'arrive au hameau de Carrascal qui est une sorte de hacienda...
    Puis je fais une nouvelle pause sous un pin solitaire en haut d'un raidillon où j'aperçois, poussant son vélo, le pèlerin
    de Barcelone qui partageait ma chambre la nuit dernière. Nous faisons ensemble quelques dizaines de mètres, et nous nous
    séparons à la bifurcation qui d'un côté mène à Higueruela et de l'autre à Alpera destination que j'ai choisie, sinon l'étape
    aurait été trop longue (38 km) et je sens que j'ai besoin de me ménager, car la route est longue jusqu'à Santiago !!!

    J'arrive dans cette localité à 14h30, l'Hostal El Cazador est fermé pour cause de vacances, mais le patron que j'ai contacté
    par téléphone m'accueille aimablement et me donne une belle chambre avec salle de bains pour un montant de 18 euros !
    Je prends un bon temps de repos, j'ai la WIFI, je peux communiquer avec ma compagne, envoyer des textes et photos
    sur Facebook et sur le site de notre Association du Var . Le soir, dîner dans un restaurant  juste en face de l'hôtel
    et la soirée se termine avec un chupito de orujo de hierbas...



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Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"



Hébergement à Alpera
Hotel El Cazador - 1 calle Mirorada - Tél 967 33 50 03
Nuitée 18 Euros - Bon accueil, belle chambre avec SDB - WIFI
4 coquilles
 



    Cher frère blanc,
    Quand je suis né, j'étais noir,
    Quand j'ai grandi, j'étais noir,
    Quand je suis au soleil, je suis noir,
    Quand je suis malade, je suis noir,
    Quand je mourrai, je serai noir.

    Tandis que toi, homme blanc,
    Quand tu es né, tu étais rose,
    Quand tu as grandi, tu étais blanc,
    Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
    Quand tu as froid, tu es bleu,
    Quand tu as peur, tu es vert,
    Quand tu es malade, tu es jaune,
    Quand tu mourras, tu seras gris.

    Alors, de nous deux,
    Qui est l'homme de couleur ?

    Léopold Sédar Senghor - Poème à mon frère blanc

     


On est happé par cette immensité...

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