Dimanche 23 Août 2015 : La Font de la Figuera > Almansa  (27 km)

 


    Il n'y a pas d'amour heureux

    Rien n'est jamais acquis à l'homme ni sa force
    Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
    Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
    Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
    Sa vie est un étrange et douloureux divorce
              Il n'y a pas d'amour heureux

    Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
    Qu'on avait habillés pour un autre destin
    A quoi peut leur servir de se lever matin
    Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
    Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
              Il n'y a pas d'amour heureux

    Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
    Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
    Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
    Répétant après moi les mots que j'ai tressés
    Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
              Il n'y a pas d'amour heureux

    Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
    Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
    Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
    Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
    Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
              Il n'y a pas d'amour heureux

    Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
    Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
    Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
    Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
    Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
              Il n'y a pas d'amour heureux
              Mais c'est notre amour à tous les deux

    Louis Aragon  (La Diane Francaise, Seghers 1946)




Soleil, qui chaque matin fait éclater mon cœur dans l'irradiation de tes rayons....


Un beau troupeau de chèvres noires...


Oui, on est bien sur le Camino de Levante !


Cette piste semble aller jusqu'à l'infini...


Les premières éoliennes...


...qui sont de plus en plus nombreuses


L'âne, gardien du troupeau


Et cette fois devant moi, c'est un troupeau de plusieurs centaines de brebis et de chèvres...


La Torre Grande


La piste, toujours la piste sans fin...


Un peu avant Almansa, on marche un moment le long de ce canal...


Le Château qui domine Almansa


La façade de l'église d'Almansa


C'est encore la fête dans cette localité, une Fête Médiévale


Le clocher de l'église


    Je suis sur le Chemin à 6h30 en prenant la petite route montante à droite de l'Albergue. Il fait encore nuit et j'éclaire avec
    la lampe frontale...Comme je passe au-dessus d'une autoroute qui semble abandonnée ou du moins en attente d'être
    terminée, le jour se lève...Puis chemins de terre, fraîcheur et vent au creux d'un vallon sous les pins.
    Le vent devient de plus en plus fort et je vais lutter toute la journée pour avancer, car je l'ai de face !

    Après le passage dans un hameau où je côtoie un beau troupeau de chèvres noires accompagnées de leur berger,

    j'arrive sur une longue piste rectiligne de 3 kilomètres avec en point de mire les premières éoliennes !
    Je traverse ainsi de grandes étendues agricoles plantées de céréales dont il ne reste que les tiges coupées à ras du sol.
    Je croise un groupe de cyclistes puis un beau troupeau de moutons  avec quelques chèvres, un âne et le berger.

    Après avoir bifurqué sur la droite pour suivre une voie ferrée, j'arrive à la Torre Grande qui est un lieu historique régional
    où se sont déroulées d'anciennes batailles...Puis la piste et encore la piste avec le vent qui m'affronte de ses caresses
    violentes mais je tiens bon et après avoir traversé le hameau de Casas del Campillo, j'enjambe l'autoroute et j'aperçois
    au loin le Castillo d'Almansa. Je retrouve alors une piste qui s'enfonce au milieu des champs de maïs et le long d'un
    canal que je vais suivre pendant plusieurs kilomètres et qui dégage par moments des odeurs nauséabondes...

    Je fais une dernière pause pour reposer les pieds et les épaules et les 3 derniers kilomètres me paraissent bien longs !
    J'arrive enfin au pied du Castillo et une fois dans le village, je cherche l'hébergement où j'arrive à 16h30.
    C'est l'Albergue Casa de las Monjas (ou Convento de las Religiosas Esclavas de Maria). Je suis accueilli par une soeur
    qui me conduit à une petite chambre. Un peu plus tard, je vais au centre. C'est la fête, genre Médiévales ! Elle se déroule
    au pied du Castillo et dans les petites rues alentour...Je vais dîner dans un stand qui fait des viandes grillées puis je
    retourne à la chambre où je trouve installé dans le lit à côté un pèlerin cycliste de Barcelone. Après un temps d'échanges
    et de partage, nous nous évanouissons au sein de nos draps pour une nuit calme et reposante...



Lien avec le commentaire de Gilbert

Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"

 


Hébergement au Convento de las Religiosas Esclavas de Maria
7 Calle Miguel Cervantes
Appeler la veille pour réserver car il y a peu de places - Tél. 967 341 557

Nuitée 7 Euros - Petite chambre à deux lits avec sanitaires
3 Coquilles




    Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

    Tout est affaire de décor
    Changer de lit changer de corps
    À quoi bon puisque c’est encore
    Moi qui moi-même me trahis
    Moi qui me traîne et m’éparpille
    Et mon ombre se déshabille
    Dans les bras semblables des filles
    Où j’ai cru trouver un pays.
    Cœur léger cœur changeant cœur lourd
    Le temps de rêver est bien court
    Que faut-il faire de mes nuits
    Que faut-il faire de mes jours
    Je n’avais amour ni demeure
    Nulle part où je vive ou meure
    Je passais comme la rumeur
    Je m’endormais comme le bruit.
    C’était un temps déraisonnable
    On avait mis les morts à table
    On faisait des châteaux de sable
    On prenait les loups pour des chiens
    Tout changeait de pôle et d’épaule
    La pièce était-elle ou non drôle
    Moi si j’y tenais mal mon rôle
    C’était de n’y comprendre rien
    Est-ce ainsi que les hommes vivent
    Et leurs baisers au loin les suivent
    Dans le quartier Hohenzollern
    Entre La Sarre et les casernes
    Comme les fleurs de la luzerne
    Fleurissaient les seins de Lola
    Elle avait un cœur d’hirondelle
    Sur le canapé du bordel
    Je venais m’allonger près d’elle
    Dans les hoquets du pianola.
    Le ciel était gris de nuages
    Il y volait des oies sauvages
    Qui criaient la mort au passage
    Au-dessus des maisons des quais
    Je les voyais par la fenêtre
    Leur chant triste entrait dans mon être
    Et je croyais y reconnaître
    Du Rainer Maria Rilke.
    Est-ce ainsi que les hommes vivent
    Et leurs baisers au loin les suivent.
    Elle était brune elle était blanche
    Ses cheveux tombaient sur ses hanches
    Et la semaine et le dimanche
    Elle ouvrait à tous ses bras nus
    Elle avait des yeux de faÏence
    Elle travaillait avec vaillance
    Pour un artilleur de Mayence
    Qui n’en est jamais revenu.
    Il est d’autres soldats en ville
    Et la nuit montent les civils
    Remets du rimmel à tes cils
    Lola qui t’en iras bientôt
    Encore un verre de liqueur
    Ce fut en avril à cinq heures
    Au petit jour que dans ton cœur
    Un dragon plongea son couteau
    Est-ce ainsi que les hommes vivent
    Et leurs baisers au loin les suivent


    Louis Aragon - Le Roman inachevé



La petite ville de Almansa en fête dominée par son Castillo...
 

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