Jeudi 23 Août 2018 - Paracuellos de la Vega >
      Monteagudo de las Salinas  - 18,5 km
       14ème étape





Ce matin là, le ciel m'a fait l'offrande d'une explosion de couleurs...











"Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, 
  préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux..." ( Apocalypse de Jean 21,2)


La forêt de pins est embrasée par le soleil levant...


La photo que j'ai transformée en peinture...

Ci-dessous une symphonie de tournesols qui m'ont ébloui pendant plusieurs kilomètres...
















Je ne pouvais pas résister à cette pose...


Encore une photo-peinture...


Quelle belle étape !




Tryptique pour tournesols, chèvres et forêt de pins...





Arrivée en vue de Monteagudo de las Salinas


La Iglesia del Salvador





 

 Monteagudo de las Salinas


    Je quitte le centre social à 6h et je vais rejoindre la carretera qui est l'itinéraire des cyclistes pour éviter un chemin qui descend
    et remonte le long d'un arroyo. Je retrouve le balisage un peu plus loin et je continue sur la carretera pendant environ 2 km.
    J'arrive alors dans une zone ouverte avec des champs labourés et je prends sur la gauche un chemin de terre ou plutôt une
    piste que je vais suivre jusqu'à la fin de l'étape. Pendant les premiers kilomètres, je traverse une forêt de pins entrecoupée de
    parcelles de champs labourés. C'est loin de toute circulation et j'ai droit à un splendide lever de soleil que je capture en photo
    de nombreuses fois. C'est comme un ciel d'apocalypse ou un moment d'éternité !

    Je déclame mes poèmes "Le Panama ou les aventures de mes sept oncles" de Blaise Cendrars, "Compagnon des Amériques"
    de Gaston Miron et "la Romance du Vin" de Emile Nelligan, (2 poètes québecois). Au loin, on entend quelques coups de feu
    tirés par des chasseurs. Je fais une première pause pour téléphoner à Nicole. Le chemin est légèrement sableux et agréable
    pour marcher, d'autant plus qu'il y a des nuages et une certaine fraîcheur. Je continue toujours au milieu de cette forêt de pins
    et j'arrive alors à un immense champ de tournesols en fleurs que je vais longer pendant 4 ou 5 km. C'est vraiment inattendu
    et après le beau ciel de ce matin, le panorama qu'offre ces milliers de fleurs de tournesols me transporte dans une sorte d'extase !

    Le chemin ensuite descend doucement dans une vallée où il est rejoint par le Camino de Requena qui est la variante de la Lana
    qui vient de Valencia. Après 4 kilomètres, j'arrive au pied de Monteagudo de las Salinas. Il y a alors un dernier effort pour
    atteindre le village qui est allongé sur un promontoire, dominé par les ruines d'un Castillo. À l'entrée, il y a un bar où je m'arrête
    boire une cerveza, et la patronne me fait comprendre que La Casa Rural est complète et qu'elle peut me loger chez elle où vit
    sa mère. J'ai une petite chambre à l'étage avec la salle de bain au rez-de-chaussée. J'ai un bon lit, des serviettes pour la douche
    et la maman me prend mon linge qu'elle va laver et faire sécher. Je m'écroule et je dors presque 2h étant donné que la nuit
    au centre social a été courte.

    Après l'enregistrement de mon topo, je fais un tour dans le pueblo. Je reconnais la sortie pour demain, je vais au bar boire
    un Tinto de Verano, puis je dîne chez mon hôtesse : Salade de tomates et concombres puis soupe de pois chiches avec pommes
    de terre, viande, vin rouge et une belle pêche.
    Je descends au bar pour le sello sur ma credencial et régler la note  :  38 euros (chambre, dîner, orujo, bouteille d'eau,
    petit déjeuner et sandwich + pêche pour l'étape de demain).
     

 

Hébergement dans la famille de la propriétaire de la
Casa Rural
"El Rincón de Sandra" qui était complète ce jour.
 4 coquilles



 

     

    L'étonnant ciel multiple est rempli de colères inexplicables.
    Il s'assied quelquefois à la porte de la maison :
    Les étoiles dans sa barbe profonde fleurissent
    Et nous écoutons ses histoires de vieux salaud.
    Du nadir au zénith il gouverne dans l'harmonie ;
    Les sages à bâton disent qu'ils entendent sa musique
    Mais les jeunes au sexe dur lui jettent des pierres,
    Criant : lève-toi donc, montre la vermine de ton cul,
    ivrogne !

    Et les femmes se sentent heureuses et apeurées.
    Elles n'ont pas cessé d'écosser les pois dans du cuivre
    Et le lin a rougi le même endroit doux de leur peau.
    Tout ce qu'elles portent ainsi provient de la terre :
    L'eau du puits, le lait expulsé du pis de la vache,
    Le vin qu'elles servent aux hommes et l'époux
    Lui-même qui n'en finit pas d'appeler sa descendance
    À grands coups de sonde violette au milieu de leur ventre.

    Tenues au même instant d'invoquer la mère des mères,
    L'amante ensevelisseuse qui donne et reprend tout,
    Elles semblent cacher leur visage dans un manteau,
    Comme fait la terre féconde sous les nuages.
    Et c'est pourquoi l'homme est triste ensuite et se reproche
    Avant de s'endormir sa bestialité, sa bêtise.

    Elles savent — ayant commerce avec la belle-sœur bréhaigne
    Pâle ou rousse là-haut, l'exacte ouvrière des pluies.
    Mais eux s'entretiennent de socs et de forts animaux
    Domptés par le chanvre, et des bois que seul franchit le fleuve.

    Et voici qu'un matin ils coiffent le casque à plumes
    Et lèvent à hauteur du nasal le plus petit
    Qui cherche à frapper de ses poings ces dents terribles.
    Quand donc cesseront-ils de profaner l'ordre simple.
    Impatients du rythme de leur cœur et des saisons ?
    Mais d'autres demeurent assis tant que dure la guerre
    Et sur le sol jamais repu de la fadeur du sang
    Font rouler avec les enfants les osselets qui prennent
    Figure des constellations tremblant sur les prairies.
    Ni le soleil au jet de fronde, ni l'océan rond qui nous borne
    Ne peuvent dire notre nom.
    Le soir plein de voix nous apaise.

    Mais le sommeil nous prend au bord inchangé de l'énigme
    Et le père en fureur qui nous tente et qui nous accuse.
    Le ciel est comme cet espace entrouvert sous nos fronts.


    Jacques Réda – Les fils du ciel
     

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