Ruta de la Lana - Du 10 au 31 Août 2018 De Alicante à Cifuentes
Alicante, Elda, Villena, Caudete, Almansa, Alatoz, Alcalá del Júcar, Campillo de Altobuey, Cuenca Villaconejos de Trabaque, Cifuentes...
Alicante vue depuis le Castillo de Santa Barbara
Ce Chemin qu’on appelle aussi Ruta de la Lana commence à Alicante. Les premières étapes sont communes avec le Camino del
Sureste. Il y a également une étape commune avec le Camino de Levante. À partir
de Alpera, pueblo situé à 115 km de Alicante, cette Ruta de la Lana est autonome
et va jusqu’à Burgos en passant par Cuenca.
Il n’y a pas de guide, seulement un PDF que l’on peut télécharger sur le site
de l’Association d’Alicante et ensuite imprimer.
Ce Camino est dans l'ensemble assez bien balisé,
excepté pour les sorties des villes et villages. Il est préférable d’avoir
l’application MAPS sur Smartphone pour trouver facilement les rues, soit pour
trouver l’adresse d’un hébergement, soit pour sortir d’une localité. Egalement l'application MAPAS DE ESPAÑA peut être utile en cas de défaut de balisage pour pouvoir se situer et voir dans quelle direction aller...
L'Albergue de Caudete où je suis accueilli par Joaquin le Président de la Asociación de Amigos de los Caminos de Santiago de Caudete
En ce qui concerne les hébergements, il y a quelques Albergues gérées par les Associations locales qui mettent tout en œuvre pour
offrir des hébergements jacquaires, encore insuffisants en nombre, mais de
qualité. Sinon il faut aller soit dans une salle de Polideportivo, soit dans un local du Centre Social Municipal avec des conditions plutôt sommaires, car il n’y a pas de matelas, seulement un tatami pour arts martiaux ce qui n’est pas très confortable pour dormir et de plus le vestiaire
qu’on vous attribue risque d’être envahi jusqu’à 22h par des enfants venus faire
un match. Il y a toujours la solution un peu plus coûteuse d'aller dans un Hostal (Prix pour une chambre individuelle pour une personne entre 18 et 30 euros)
Avec 2 membres de l'Association d'Albacete que j'ai rencontrés sur le Chemin alors qu'ils étaient en train de vérifier et améliorer le balisage... Ce Camino est parcouru en moyenne par 8 à 10 pèlerins par mois. C’est un Chemin qui permet aux amoureux de la solitude de vivre un temps de
retraite active en alternant marche et méditation…
Voilà en quelques lignes ce que l’on peut trouver sur ce
Chemin :
Traversée du Grand Canyon (En modèle réduit). Cheminement le long d’un Rio
surplombé par un magnifique Castillo. Chevauchée au milieu de vastes terres
agricoles où les champs de céréales moissonnés en début d’été alternent avec
des vignobles, des oliveraies et des champs d’amandiers. Également on côtoie de
vastes cultures de poivrons et de céleris ainsi que d’immenses sites où sont cultivés en treille du raisin de table dont les belles grappes sont bien tentantes...
Quelques milliers de grappes de raisin qui vont bientôt être expédiées dans nos supermarchés...
Un immense champ de poivrons pour fournir tous les marchés de France...
Il y a une étape commune avec le Camino de Levante au cours de laquelle on
contourne la Sierra del Mugrón, avec un panorama splendide sur les vallées
alentour. Quelques bois de chênes verts et de pins avec un balisage en forme de
jeu de piste… Parfois l’environnement est semblable à ce que l'on trouve dans les collines de Provence.
La Sierra del Mugrón
Les villes et villages traversés ont parfois de quoi
surprendre et tout spécialement Alcalá del Júcar qui fait partie des plus beaux
villages d’Espagne. C’est un des villages les plus spectaculaires et
pittoresques de la province d’Albacete. Ce site que forme la gorge profonde du
Rio Júcar, quand on arrive à pied sur la hauteur, est impressionnant. Il est
riche d’histoire comme en témoigne son Castillo datant de l’occupation
musulmane à l’époque Almohade, à la fin du 11ème siècle.
Alcalá del Júcar
On ne s’y attend pas, mais ce Chemin va vous amener à
naviguer non pas sur les océans, mais sur une mer verte qui s’étend sur des
dizaines de kilomètres, une mer de vignobles, où il n’y a ni vagues, ni ressac,
mais des millions de pieds de vignes tous alignés en rangs bien ordonnés qui
s’étendent à l’infini !
L'immensité des vignobles qui s'étendent à perte de vue...
En approchant de Cuenca, l’environnement change peu à peu.
Encore des vignobles, mais sur des terrains en relief, des champs d’amandiers,
des grandes surfaces de terres céréalières, et de plus en plus de bois de pins,
de beaux et majestueux chênes verts, de belles pistes avec dénivelés qui
serpentent entre genévriers et romarins. Comme partout en Espagne, chaque
Pueblo a son église dont le clocher domine et se voit souvent de loin et quand
on peut y entrer on est toujours surpris par la richesse des peintures,
sculptures et décorations qu’on y trouve…
La Iglesia Parroquial de Campillo de Altobuey
Deux étapes avant Cuenca, après un lever de soleil
majestueux, qui est comme une image des nouveaux Cieux et de la nouvelle Terre que l'Apôtre Jean décrit dans le livre de l'Apocalypse, je vais marcher pendant plusieurs
kilomètres le long d’un immense champs de tournesols en fleurs… Après la mer
verte des vignobles des jours précédents, c’est une mer jaune de ces fleurs qui
se tournent comme en adoration vers le soleil. Le Chemin descend alors dans une vallée où il rejoint la variante qui vient
de Valencia qui s’appelle le Camino de Requena.
Les champs de tournesols qui s'étendent sur des kilomètres...
Plus à l'est se trouve le "La Serranía de Cuenca"
qui est un parc naturel, une zone géographique marquée par de hautes montagnes,
de belles vallées cachées, des formations rocheuses puissantes et uniques liées
au processus karstique et à une végétation abondante, en particulier
plusieurs espèces de conifères. On y rencontre de beaux villages aux constructions traditionnelles et de
nombreux ruisseaux, rivières, réservoirs, ravins et torrents….
Et puis c’est l’arrivée dans cette cité au riche passé historique,
religieux et architectural.
Pour la visiter je vous laisse en compagnie de Jenny qui via son site internet
va vous faire découvrir les merveilles du Casco Viejo de Cuenca :
La plaza Mayor de Cuenca
Après Cuenca, on traverse une zone urbaine, puis se succèdent plusieurs localités en suivant des petites routes qui enchaînent des dénivelés plus marqués dans un environnement rural, avec alternance de céréales et de tournesols, au pied de la Sierra de Bascuñana, avec en parallèle la carretera N-320.
On quitte la Province de Cuenca pour entrer dans
celle de Guadalajara. A partir de 11h, j’installe mon parasol sur le sac et
ainsi je ne souffre pas trop de la chaleur… Il y quelques albergues peu
équipées et pas toujours bien entretenues, mais qui offrent l’essentiel.
Marcher la nuit sous une pleine lune, c’est vraiment magique. J’éteins même ma
frontale, tant la lumière de la lune éclaire bien le chemin. Les perceptions sont alors aiguisées et je fais corps avec la Nature.
La lune s'est parée comme une fiancée pour une alliance nocturne...
Maintenant, je vais vous raconter une soirée mémorable comme
seul le Chemin peut offrir.
Lundi 27 Août, j’arrive dans un pueblo nommé Villaconejos de Trabaque où
autrefois se cultivait l’osier (mimbre) qui est une fibre végétale dérivée d’un
arbuste de la famille des saules qui était tissée pour créer des meubles, des
paniers et autres objets utiles. Je vais dans une Albergue gérée par
l’Association de Cuenca. Pepe, l’hospitalero nous invite avec Antonio, Paolino et 3 pèlerins espagnols à
bicyclette à un dîner qui restera comme l’un des moments mémorables de ce
Chemin !
Ça se passe dans un local attenant à sa cave. Le feu est allumé pour faire des
grillades, pendant ce temps Paolino coupe des petits morceaux de jamón ibérico
et la table est mise dans une joyeuse ambiance. Avant le dîner, Pepe nous fait
visiter sa cave où trônent 2 énormes jarres qui datent de plusieurs siècles. C'est un peu comme si on était entré dans le "Saint des Saints...", seule une petite lampe à huile nous éclaire, nous parlons à voix basse et Pepe nous raconte les histoires de ces caves à vin, qui se trouvent dans des grottes dont l'origine remonte à la fin de la période Wisigoth. (8ème siècle après J.C.)
Dans la Cave de Pepe
On
remplit une cruche d’un bon vin de la Casa tiré d’un fût quand même plus récent
! Tout le dîner ne sera composé que de produits maison, en plus du jambon,
poivrons, concombres, chorizo, saucisses et boudin qui seront grillés sur la
braise avec la belle miche de pain sur laquelle est dessiné le logo de la Coquille.
Le vino tinto remplit les verres et on se régale de tous ces produits que Pepe
nous offre.
Pour terminer, on goûte la production d’alcool, Orujo de Café, Orujo Blanco
puis a lieu une petite cérémonie jacquaire au cours de laquelle sont remises à chaque pèlerin une médaille et
une flèche jaune à épingler sur le tee-shirt. On va se coucher après minuit,
ainsi la nuit sera courte avant de repartir le lendemain pour l’étape
suivante… Mais quelle belle soirée d’amitié et de fraternité !
La soirée dans la cave de Pepe, entouré de Paolino, Antonio et 3 pèlerins espagnols
J’entre maintenant dans la séquence « Rios ». Je
quitte la province de Cuenca pour entrer dans celle de Guadalajara. Les étapes
suivantes seront marquées principalement par la rencontre de plusieurs rivières
et fleuves :
Le Rio Trabaque qui prend naissance dans une cascade au cœur de la Serrania de
Cuenca, petite rivière que je vais côtoyer pendant quelques kilomètres…
Le Rio Guadiela que j’ai non seulement côtoyé, mais traversé par un pont…mais
une fois passé le pont il y a un débit assez fort d’une partie de la rivière
qui s’écoule sur un passage bétonné qui oblige à se déchausser et la
difficulté, c’est comment passer sans glisser, car le fond est comme une plaque
de verglas ! Bon ! Ouf ! J’ai réussi à traverser sans incident grâce à mes
bâtons avec embouts de caoutchouc !
Quel contraste avec les grands espaces agricoles souvent dénudés et arides, de
se trouver ainsi au bord de rivières entourées d’une belle végétation et de
grands arbres dans lesquels nichent de nombreux oiseaux dont les mélopées se
mélangent harmonieusement.
Il y a ensuite à Trillo, petite ville à côté de laquelle se trouve une centrale
nucléaire, un beau pont sur le Rio Tajo dans lequel se jette le Rio Cifuentes
après une jolie suite de cascades, lequel a sa source au pied du château de
la localité qui porte le même nom : Cifuentes.
Ce Rio Tajo est le même qui encercle le promontoire sur lequel est érigée la
ville de Tolède et qui plus loin se jette dans l’océan par une large embouchure
à Lisbonne…
Le passage délicat pour traverser le Rio Guadiela à cause du sol glissant...
Le Rio Tajo à l'entré de Trillo
Ces dernières étapes sont physiques, avec beaucoup de
dénivelés et l’on marche souvent à plus de 1000 mètres.
Les paysages sont grandioses avec tout alentour des sierras recouvertes de
forêts et ces tons de fin d’été aux couleurs chaudes qui s'étendent sur ces immenses plateaux ! Après les ascensions parfois épuisantes, il y a toujours de belles descentes,
soit en suivant de larges pistes, soit par des petits sentiers rocailleux ...
Mon parapluie/parasol fixé sur le sac, qui m'a bien protégé des rayons ardents du soleil !
Dans le gîte de Salmerón, j'avais tendu une corde pour faire sécher mon linge pendant la nuit. En montant sur une chaise pour défaire cette corde attachée en hauteur, la chaise a basculé et je me suis retrouvé sur le sol avec une éraflure sur le bras et plus grave une douleur assez forte à l"épaule gauche. J'ai quand même continué le Chemin en me disant qu'il n'y avait rien de grave et que cela allait passer... J'ai rejoint Viana de Mondéjar sans trop de difficulté et au cours de l'étape suivante la douleur à l'épaule s'est accentuée. J'ai rallié tant bien que mal Cifuentes, petite ville qui se trouve à 10 étapes de Burgos.
Après une nuit d'insomnie à cause de cette douleur, je suis allé au Centro de Salud de cette localité. Le médecin consulté m’a envoyé à l’hôpital de Guadalajara pour faire une radio. Il n’y avait rien de
cassé, mais un traumatisme important, et après quelque hésitation, je contacte mon assurance qui décide de me rapatrier. Une heure plus tard, un taxi m'emmène dans un hôtel près de l’aéroport de Madrid
et le lendemain, je prends l’avion pour Paris et Toulon.
Fin du Camino que je qualifierai de "Camino de l’imprévu, Camino de la diversité,
Camino des belles surprises, enfin Camino des 5 éléments : Le feu, la terre,
l’air, l’eau et l’éther!"
Pour voir la suite du Chemin parcouru en Août 2019
"Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux..." ( Apocalypse de Jean 21,2)
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