Mardi 29 Septembre 2009 :  Calahorra > Alcanadre  20 km



Gacela de la terrible présence

Je veux que l’eau demeure sans lit.
Je veux que le vent demeure sans vallées.

Je veux que la nuit demeure sans yeux
et mon coeur sans la fleur de l’or ;
 

que les boeufs parlent aux grandes feuilles
et que le ver de terre se meure d’ombre ;
 

que brillent les dents de la tête de mort
et que le jaune se déverse sur la soie.
 

Je peux voir le duel de la nuit blessée
qui lutte enlacée avec le midi.
 

Je résiste au couchant de vert
 poison
et aux arcs brisés où souffre le temps.
 

Mais n’éclaire pas ta nudité limpide
comme un cactus noir ouvert dans les joncs.
 

Laisse-moi dans une angoisse de planètes obscures,
mais ne me montre pas ta hanche fraîche.



Gacela de la terrible presencia

Yo quiero que el agua se quede sin cauce.

Yo quiero que el viento se quede sin valles.
 

Quiero que la noche se quede sin ojos

y mi corazón sin la
 flor del oro ;
 

Que los bueyes hablen con las grandes hojas
y que la lombriz se muera de sombra ;
 

Que brillen los dientes de la calavera
y los amarillos inunden la seda.
 

Puedo ver el duelo de la noche herida
luchando enroscada con el mediodía.
 

Resisto un ocaso de verde veneno
y los arcos rotos donde sufre el tiempo.
 

Pero no me enseñes tu limpio desnudo
como un negro cactus abierto en los juncos.
 

Déjame en un ansia de oscuros planetas,
¡pero no me enseñes tu cintura fresca!


Federico Garcia Lorca
 




 
Ce matin, je ne trouve pas de bar ouvert et donc pas de petit déjeuner,
mais je vais me rattraper sur le Chemin qui est agréable dans la belle lumière
de ce jour naissant  et qui suit un itinéraire maintenant familier, à savoir
longue piste caillouteuse entre la voie ferrée et le canal de Lodosa.
Heureusement il y a de nombreux vergers et je vais me régaler de figues,
de poires et d'amandes !



            


          "Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
            Comme une explosion nous lançant son bonjour !"

                  (Charles Baudelaire)

           






On est entré dans la province de la Rioja et la dernière partie de l'étape se fait
au milieu des vignes qui s'étendent sur des coteaux arrondis et dont les grappes
de raisin sont bien tentantes. Evidemment, je ne résisterai pas et bien que ce ne soit
pas du raisin de table, je me régalerai de quelques grappes bien juteuses...




Les vignes s'étendent à parte de vue. Les vendanges sont tardives et je pense
à ce bon vin de la Rioja que j'espère déguster au dîner !




Les derniers kilomètres avant d'arriver à Alcanadre offrent de beaux paysages.



Et je suis inspiré pour déclamer quelques-uns des poèmes de mon répertoire...



Un grand parc de capteurs solaires photovoltaïques juste avant d'arriver à
Alcanadre.



La gare de Chemin de Fer d'Alcanadre, localité de 750 habitants, de tradition agricole.
J'arrive au terme de cette étape vers 13h et je monte dans la partie haute du village
pour trouver le Bar de l'Union où je pourrais obtenir la clé de l'Albergue.
Je me laisse tenter par un bocadillo délicieux accompagné d'un grand verre de Vino Tinto !
Je reviendrais dans ce bar pour le dîner (Crudités, Tortilla et Vino de la Rioja)
 C'est aujourd'hui ma fête, la Saint-Michel !
 


Je vais à l'Albergue de Peregrinos située au 1er étage de la gare de Chemin de Fer.
C'est un peu vétuste, il n' y a pas d'eau chaude mais il y a de bons lits
et c'est gratuit. Comme à l'habitude, je suis seul.   

 
2 Coquilles
 

 

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Gacela de l'amour imprévu

Nul ne comprenait le parfum
du magnolia sombre de ton ventre.
Nul ne savait que tu martyrisais
un colibri d’amour entre tes dents.

Mille petits chevaux perses s’endormaient
sur la place baignée de lune de ton front,
tandis que moi, quatre nuits, j’enlaçais
ta taille, ennemie de la neige.


Entre plâtre et jasmins, ton regard
était un bouquet pâle de semences.
Dans mon coeur je cherchais pour te donner
les lettres d’ivoire qui disent
toujours,

toujours, toujours
: jardin de mon agonie,
ton corps fugitif pour toujours
le sang de tes veines dans ma bouche,
ta bouche sans lumière déjà pour ma mort.



Gacela del amor imprevisto


Nadie comprendía el perfume
de la oscura magnolia de tu vientre.
Nadie sabía que martirizabas
un colibrí de amor entre los dientes.

Mil caballitos persas se dormían
en la plaza con luna de tu frente,
mientras que yo enlazaba cuatro noches
tu cintura, enemiga de la nieve.


Entre yeso y jazmines, tu mirada
era un pálido ramo de simientes.
Yo busqué, para darte, por mi pecho
las letras de marfil que dicen
 siempre,

siempre, siempre:
 jardín de mi agonía,
tu cuerpo fugitivo para siempre,
la sangre de tus venas en mi boca,
tu boca ya sin luz para mi muerte.


Federico Garcia Lorca




 

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