Dimanche 27 Septembre 2009 :  Tudela > Alfaro  26 km



Un poème

Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrême
un poème


Raymond Queneau






 Hymne au Soleil des Indiens Zuñi

        De bonne heure, le matin,
   Nous nous éveillons, nous nous éveillons,
Quand la mère Dieu-Soleil se lève.
  Nous la saluons avec joie.
    Elle nous accueille avec un visage radieux.
  Elle nous rencontre avec un baiser chaud.
   Si doucement, si doucement...
   Ecoutez, écoutez seulement !
 D'où viennent tous ces sons lointains?
  Echos de là où la lumière abonde,
  Torrents de cristal au pâle murmure
  Éclatant sans retenue.
    Ce sont les grains d'or de la pensée,
    Les murmures silencieux, à peine perçus,
   Qui nous remplissent de joie et de contentement,
   Les sentiers par lesquels l'âme s'élève.



            

Un lever de soleil

L'Orient jaillit comme un fleuve,
La lumière coule à long flot,
La terre lui sourit et le ciel s'en abreuve
Et de ces cieux vieillis, l'aube sort aussi neuve
Que l'aurore du jour, qui sortit du Très Haut.

Et des pleurs de la nuit, le sillon boit la pluie,
Et les lèvres de fleurs distillent leur encens,
Et d'un sein plus léger l'homme aspire à la vie
Quand un esprit divin vient englober ses sens.

Notre terre éblouie du rayon qui la dore,
Nage plus mollement dans l'élastique éther,
Comme un léger nuage enlevé par l'aurore
Plane avec majesté sur les vagues de l'air.

Les pointes des forêts que les brises agitent,
Bercent l'ombre et la fraîcheur pour le choeur des oiseaux ;
Et le souffle léger des ondes pures qui palpitent
Parfume en s'exhalant le lit voilé des eaux.

Celui qui sait d'où vient l'aurore qui se lève,
Ouvre ses yeux noyés d'allégresse et d'amour,
Il reprend son fardeau que la vertu soulève
S'élance, et dit " Marchons à la clarté du jour ! "


Harmonies poétiques II  -  Alphonse de Lamartine



Ces premières heures du jour sont un ravissement...
Le soleil n'en finit pas de jouer avec l'Ebre pour amener le contemplatif à l'extase !



         
Je marche pendant plusieurs kilomètres au bord du Rio dans ce qu'on appelle les "Sotos de Ebro"






Je passe devant une propriété un peu vétuste, isolée au milieu des terres agricoles.
Un chien aboie et un homme sort pour me saluer.
Il m'invite à entrer chez lui pour boire un café.
Je fais ainsi connaissance de Esteban qui a vécu quinze années en France
et vit maintenant seul dans cette ferme isolée...
Comme il parle bien français, nous passons un bon moment à bavarder
et cela restera une des trois belles rencontres de ce Chemin.







Je côtoie d'immenses champs de tomates qui vont finir en conserves dans nos supermarchés...

A mi-parcours de cette étape, je quitte les bords de l'Ebre pour suivre à nouveau la Voie Ferrée
par une piste rectiligne et pierreuse. Je m'arrête dans une aire de pique-nique pour manger
quelques pommes et pêches ramassées ce matin dans les vergers.
Après Castéjon que je traverse sans m'arrêter, il y a un peu plus de six kilomètres
avant d'arriver à Alfaro le long d'une route avec pas mal de circulation.
Je vais aller à l'auberge pèlerins, la première sur ce Chemin !



        



A Alfaro, la collégiale de Saint Michel Archange (16ème-17ème)
 
Le soir, je cherche un restaurant pour le dîner, non sans mal !
Je finis par atterrir dans un "Kebab" où l'on me sert une salade avec un quart de poulet
et des frites, le tout accompagné d'une bière sans alcool !
Je rentre à l'albergue. La ville est triste, l'auberge est triste, mon cœur aussi !
La solitude commence à me peser. J'ai hâte de retrouver mon Amour !

 


Je vais à l'Albergue de Peregrinos situé à côté de la police locale qui me donne la clé.
C'est la première auberge pèlerins que je trouve sur ce Chemin.
C'est gratuit, il n' y a pas d'eau chaude et seulement des matelas au sol.
Je suis seul et j'apprécie cet hébergement où je me retrouve comme pèlerin.
 
 
2 Coquilles
 

 


Pour un art poétique


Bon dieu de bon dieu que j'ai envie d'écrire un petit poème
Tiens en voilà justement un qui passe
Petit petit petit
viens ici que je t'enfile
sur le fil du collier de mes autres poèmes
viens ici que je t'entube
dans le comprimé de mes oeuvres complètes
viens ici que je t'enpapouète
et que je t'enrime
et que je t'enrythme
et que je t'enlyre
et que je t'enpégase
et que je t'enverse
et que je t'enprose
la vache
il a foutu le camp

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Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir' comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d'innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et mettez les voiles
Où voulez vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?


Raymond Queneau
 


 

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