Jeudi 24 Septembre 2009 :  Zaragoza > Alagon  27 km



Le balcon

Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !

Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux ! que ton coeur m'était bon !
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.

Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l'espace est profond ! que le coeur est puissant !
En me penchant vers toi, reine des adorées,
Je croyais respirer le parfum de ton sang.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !

La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison,
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles,
Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison !
Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.

Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses,
Et revis mon passé blotti dans tes genoux.
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses
Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux ?
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !

Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis,
Renaîtront-il d'un gouffre interdit à nos sondes,
Comme montent au ciel les soleils rajeunis
Après s'être lavés au fond des mers profondes ?
- Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !


Les Fleurs du Mal  -  Charles Baudelaire






Pour sortir de la ville je vais marcher le long du Rio Ebro en empruntant un paseo
à partir duquel je vais avoir une belle vue sur le fleuve, les ponts futuristes
et les tours de N.D. du Pilar qui font un peu penser aux tours de la Cathédrale
de Saint-Jacques de Compostelle que j'avais pris en photo en septembre 2005.
(Voir ci-dessous)




(Les tours de la Basilique N.D. du Pilar de Saragosse)


(Les tours de la Cathédrale de St Jacques de Compostelle)



Je traverse la zone de l'exposition universelle qui a eu lieu dans cette ville en 2008
Ensuite je trouve sans trop de difficultés la petite route qui va me conduire à
Monzalbarba, après avoir côtoyé un moment les autoroutes...




La cigogne juchée au sommet de la tour de l'église de Monzalbarba
(Eglise du 16ème siècle consacrée à Saint Michel Archange)







La tour mudéjar de Utebo (16ème siècle)
qui appartient à l'église de Nuestra Señora de la Asuncion




Au loin les montagnes désertiques qui s'élèvent au delà de la vallée de l'Ebre



Le reste du parcours est peu intéressant. Il ya des zones industrielles
et l'on marche souvent à proximité de l'autoroute et de la voie ferrée.
Le Chemin est large et pierreux avec ce genre de galets ronds qui fatiguent les pieds.
Les derniers kilomètres, je commence à fatiguer et une fois arrivé dans Alagon,
je galère un moment avant de trouver mon hébergement en face de l'église San Pedro Apostol.



Je dîne avec Eric le seul pèlerin rencontré sur ce Chemin.
En fait, nous nous croisons car il vient de Lisbonne,
via Santiago, le Camino Francés, Logroño et se dirige vers le monastère de Montserrat
et ensuite par le Chemin d'Arles en direction de Rome.
C'est une soirée fraternelle au cours de laquelle nous partageons nos expériences
et également quelques bons verres...
 


Je vais à l'Hostal Baraka - C/San Pedro 13 situé en face de l'église San Pedro
Chambre avec salle de bains pour 25 euros (Prix pèlerin ?)
Le dîner est servi à 21 h (13 euros)

  
3 Coquilles
 

 

 

La beauté

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études ;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !


Les Fleurs du Mal  -  Charles Baudelaire


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